Michael Christie n'a pas encore 30 ans mais fait déjà preuve d'une grande maîtrise narrative et psychologique. Le jardin du mendiant, son premier recueil de nouvelles, est la dernière révélation en date de la collection "Terres d'Amérique" chez Albin Michel. On y découvre un écrivain étonnant et profondément humain.
La narratrice de "Numéro d'urgence" se nomme Maya. Il s'agit là d'une femme sociable, qui aime les hommes. Surtout les secouristes. Il lui arrive de composer trop souvent le 911 afin de demander une ambulance, prétextant une oppression à la poitrine. Un jour, un beau secouriste a trouvé sa chemise de nuit "intéressante" et s'est montré attentionné avec elle. Pour le revoir, elle semble même prête à se faire hospitaliser...
"Rebut" met en scène le dénommé Earl. Celui-ci est veuf depuis que son épouse Tuuli a été emportée par une rupture d'anévrisme pendant une partie de curling au club dont ils étaient tous deux membres. Son petit-fils, Kyle, qu'il a fini par perdre de vue, a toujours été un garçon difficile. Earl apprend qu'il en est réduit à "fouiller les poubelles, à se nourrir à la soupe populaire et à vivre sans doute des aides sociales". Earl retrouve la trace de Kyle à Vancouver. Où il pousse devant lui un chariot qu'il remplit d'objets récupérés au hasard des rues...
Dans la nouvelle qui donne son titre au volume, on croise un certain Sam Prince. Il travaille dans une banque où il s'est fait le fer de lance de la lutte contre la fraude par la numérisation des empreintes digitales. Sa femme l'a quitté, emmenant avec elle leur fille Cricket à Calgary. Du coup, Sam s'est installé dans le bâtiment délabré, à l'arrière de leur maison. Là où l'on range les vélos et les fauteuils de jardin en osier...
Les protagonistes de Michael Christie ont besoin d'aller vers les autres. De tendre la main. Nul pathos ici, juste une émotion palpable, une manière sensible d'évoquer la solitude, les blessures et les aléas de l'existence.