Après des mois de crise liés à la pandémie de Covid-19, la 7e édition du festival Tandem s’est tenue du 3 au 6 février à Nevers, préfecture de 34000 habitants du département de la Nièvre (Bourgogne-Franche-Comté). "Une vraie respiration", se réjouissent les organisateurs. Maison de la culture, Médiathèque Jean-Jaurès, librairie ou encore théâtre municipal, les structures culturelles de la ville proposent un vaste programme. Les duos d’auteurs et d’artistes, originalité de la manifestation biennale, s’affichent devant le public nivernais, mais pas seulement.
"Tandem fait la renommée de Nevers, des gens viennent de l’agglomération et de l’extérieur", explique Jean-François Lefebure, responsable de la Médiathèque Jean-Jaurès. Il nous reçoit au deuxième jour du festival, au second étage de l’établissement, là où se tient l’exposition "La Musique d’Alan" d"Emmanuel Guibert. "Pendant le festival, la fréquentation est multipliée par deux ou trois", estime le directeur. Difficile pour autant de vérifier l’impact réel de l’événement sur la fréquentation de la ville.
Une seule étude est menée en 2018 par rapport à la billetterie du festival. "Nous avons des clients d’autres départements et régions, mais ce n’est pas massif, le public est surtout nivernais", nuance Laetitia Buchon-Daget, directrice de la manifestation littéraire depuis l’automne 2020.
Pour Wilfrid Sejeau, responsable de la Librairie Le Cyprès, le festival offre "une richesse culturelle". L’établissement tient les stands de livre dédicaces du festival et anime quelques rencontres. "Nous faisons en moyenne entre 5000 et 6000 euros de ventes sur les stands", estime le libraire. Pendant la manifestation, il note une nouvelle clientèle issue du festival.
Un complément littéraire pour la jeunesse et le "public éloigné"
Sa voix résonne dans l’ensemble de la Médiathèque Jean-Jaurès. Entre chant et lecture à voix haute, l’auteur Souleymane Mbodj anime au rez-de-chaussée une lecture musicale pour une classe scolaire. L’atelier fait partie des 36 rencontres au programme destinées à un public qui s’étire de la crèche au lycée. Le volet jeunesse, programmé par Laetitia Buchon-Daget, s'est développé dès 2015.
Plusieurs lectures musicales et présentations sont proposées. Des auteurs, tels que Claudine Desmarteau, se sont également rendus dans des écoles afin d’échanger avec des élèves. Une classe de jeunes migrants de la région a bénéficié d’une rencontre de ce type pour la première fois. L’association veut se divertir davantage.
Des rencontres et ateliers en milieux carcéraux seront prochainement au programme. "Nous voulons apporter une autre lecture du roman et de la littérature à un public qui ne lit pas forcément", résume Laetitia Buchon-Daget.
Quel budget pour rayonner ?
"Aujourd’hui nous attendons Tandem", lance Françoise Hervet, élue de Nevers déléguée à la culture. La municipalité participe à hauteur de 19000 euros sur les 100000 euros que coûte le festival. Le reste est assuré par d’autres partenaires publics comme la Direction régionale des Affaires culturelles ou le Centre national du Livre, la billetterie et des prestataires privés : fondation, entreprise et dons de particuliers.
La place du festival est “ fragile et acquise laborieusement car nul n’ignore la raréfaction des financements publics et privés”, rappelle la présidente. Laetitia Buchon-Daget essaie de démarcher d’autres entreprises locales. Son principal argument est l’animation culturelle qu’apporte Tandem à Nevers : "la manifestation a forcément des retombées économiques sur la ville." Dans la charte de l'association, toutes les commandes liées au festival doivent, par exemple, en priorité passer par des acteurs locaux.
Tandem ne compte aucun salarié parmi les cinq membres de son bureau. Laetitia Buchon-Daget et Arnaud Cathrine facturent à l'association éponyme uniquement leur programmation respective : jeunesse et adulte. Pour organiser les différentes animations, une petite vingtaine de bénévoles apportent leur aide à l’organisation du festival.