Né Jacques Peyroles le 9 mars 1931, avocat puis journaliste et écrivain, personnalité engagée et reconnue pour ses combats progressistes, Gilles Perrault, est mort chez lui à Saint-Marie-du-Mont (Manche).
Un écrivain engagé avec l'ADN d'un journaliste enquêteur
Certains de ses livres ont eu l'effet d'une bombe comme Le Pull-over rouge (Ramsay, 1978), qui parle du cas de Christian Ranucci, condamné à mort en 1976 pour le meurtre d'une fille. Le livre-enquête remet en question sa culpabilité et soutient en filigrane le combat pour l’abolition de la peine du mort. La ministre de la Culture Rima Abdul Malak lui a rendu hommage dans ce sens sur Twitter, désormais dénommé X, : « sa plume de combat, qui […] a permis d’avancer vers l’abolition de la peine de mort. L’humanisme a guidé aussi son engagement à Ras l’front », un réseau d'intellectuels anti-FN dont l'écrivain défunt a été un des fondateurs en 1990.
Auteur de plus d'une quarantaine d'ouvrages, il a écrit plusieurs autres enquêtes. Il a coécrit Enquête sur Ouvéa : rapport et témoignages sur les événements d'avril-mai 1988 (EDI), un livre qui traite de l'affaire de la prise d'otages d'Ouvéa (Nouvelle-Calédonie). Il a également signé L'erreur (Fayard, 2008), dans lequel Gilles Perrault revient sur le cas d'Eugène Rousseau, fonctionnaire depuis 1945 du Service de renseignements français accusé d'avoir livré des documents confidentiels aux Yougoslaves condamné à 15 ans de prison en 1970.
Des romans policiers aux ouvrages historiques et politiques
C'est l'auteur et éditeur suisse Frédéric Ditis qui lui trouve son nom de plume : « Puisque tu vas écrire des histoires, tu t’appelleras Perrault, comme dans les contes », relatait Gilles Perrault à Livres Hebdo. Il a ainsi commencé à signer "Gil Perrault" plusieurs romans au sein de La Chouette des éditions Ditis, collection de poche fondée par Frédéric Ditis. Il connaît son premier succès de librairie en 1961 avec l'essai Les Parachutistes (Seuil) qui parle de son service militaire en Algérie. Il devient par la suite journaliste et fait de nombreux reportages à l'international.
Après quelques romans d'espionnage parus dans la collection La Chouette, il se consacre à des romans avec une trame historique et politique à l'instar de L'Orchestre rouge (1967). Le livre dépeint le réseau de renseignement et d'espionnage implanté au coeur même de l'empire nazi dirigé par le Juif polonais Leopold Trepper et qui a joué un rôle décisif dans la défaite allemande.
En 1990, une biographie du roi du Maroc Hassan II, Notre Ami le roi (Gallimard) fait polémique jusqu'à entraîner une crise diplomatique entre Paris et Marrakech. « Les livres de Gilles Perrault sont des marqueurs pour ma génération. Il y a un avant et un après Notre ami le roi dans le regard sur le Maroc d’Hassan II », a expliqué sur le réseau social X (anciennement Twitter), le journaliste et président de l'ONG Reporters sans frontières Pierre Haski.
Ces dernières années, Gilles Perrault avait fait publier La justice expliquée à ma petite-fille (Seuil, 2017) ou encore Grand-père en 2016 (Seuil) dans lequel l'auteur fait le récit de la vie d'Alexandre Merlot, son aïeul né en 1862 et mort en 1945, professeur et républicain fougueux, patriote, franc-maçon et libre-penseur.