ALLEMAGNE

La Foire internationale du livre de Francfort 2012.- Photo OLIVIER DION

Lorsqu'on survole rapidement l'édition 2011 du classement des 100 premiers éditeurs de langue allemande établi par notre confrère Buchreport, l'ordre ne semble pas bouleversé. Il faut observer de près les données chiffrées pour remarquer des variations notables depuis l'année dernière : le chiffre d'affaires d'une majorité d'éditeurs s'inscrit à la baisse ou, au mieux, est stagnant. Dans le seul peloton de tête, les résultats sont plus que mitigés : - 1 % pour Springer Science+Business, toujours en tête de classement, - 2,5 % pour Franz Cornelsen Bildungsgruppe, - 0,3 % pour Random House, stabilité pour le groupe Klett ou C. H. Beck. On remarque aussi, plus bas dans la liste, des baisses importantes pour Thieme (- 2,2 %), Rentrop (- 3,4 %), Rowohlt (- 7,3 %), Droemer Knaur (- 4,3 %) ou Carlsen (- 11,3 %).

Le chiffre d'affaires cumulé des 100 éditeurs est de l'ordre de 6 milliards d'euros, soit un recul de 0,5 % par rapport à l'année dernière. De leur côté, les éditeurs de littérature générale et de livres pratiques, qui représentent environ 35 % du chiffre d'affaires des éditeurs du classement, accusent une baisse de 1 %. En recul pour la deuxième année consécutive, le secteur du poche n'est pas épargné, avec une baisse globale de l'ordre de 4 %. Buchreport pose la question : faut-il accuser le commerce du livre, en profonde mutation, ou l'absence de best-sellers notables en 2011 ? Les deux motifs paraissent se cumuler. Mais beaucoup d'éditeurs dont l'équilibre économique repose sur l'édition de best-sellers n'ont pas obtenu en effet les succès escomptés cette année.

Ces indicateurs révèlent aussi le profond bouleversement que traverse la profession. La combinaison inédite "numérisation/ebooks/piraterie" est au centre du plus grand chantier que l'édition ait eu à attaquer. Encore dans sa phase de démarrage, donc d'investissement, le secteur est encore économiquement trop faible aujourd'hui pour peser sur les résultats de l'édition. A cela s'ajoute une préoccupation majeure : la baisse des ventes dans les librairies traditionnelles, réseau sur lequel s'est toujours appuyée l'édition. Les difficultés du commerce de la librairie, avec des loyers de plus en plus élevés en centre-ville, la diminution de la place dévolue au livre, en particulier dans les grandes enseignes, et la concurrence frontale des sites de vente en ligne, Amazon en tête, sont des préoccupations majeures pour l'ensemble du commerce du livre.

31.12 2014

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