Connaissez-vous l'oeuvre et l'existence de Camille Duval (1901-1974) ? Un écrivain suisse romand, qui fut ami avec Borges à l'âge de 17 ans et commença à publier dès les années 1930. En 1946, son roman Parfum d'automne devint rapidement un best-seller avant d'être mis deux ans plus tard à l'index par l'Eglise catholique et retiré de la vente. Correspondant de Marguerite Yourcenar, Duval a ensuite obtenu le prix Goncourt en 1971 pour Pur sang, deuxième volet de sa Trilogie rhodanienne consacrée à sainte Blandine, >avant de vivre en reclus en Alaska où il allait s'éteindre à l'hôpital de Juneau...
Camille Duval n'existe pas, sauf dans les pages de La plume de l'ours, le brillant et original coup d'essai de Carole Allamand, qui nous entraîne dans une complexe enquête littéraire menée par son héroïne, Carole Courvoisier. Fille d'une Miss Vevey 1958, la jeune chercheuse s'est mis en tête de résoudre l'énigme Duval. De faire la lumière sur un prosateur, tombé en disgrâce dans son pays natal, qui n'a pas écrit une ligne entre 1951 et 1963.
Avant qu'il ne sorte "autre" de ce silence, "doté d'une voix et de pouvoirs poétiques qu'on s'accordait à trouver bien supérieurs >à cause >du "premier Duval" dont les romans, si scandaleux fussent-ils, reprenaient toutes les ficelles du réalisme". Et de faire paraître d'autres ouvrages remarqués, dont le magistral Palliante aux éditions de Minuit, salué alors par Claude Simon comme le "pur roman".
La route de Carole va notamment croiser celle de Jasper Felder, un ancien marine, vétéran de la guerre du Golfe, employé par une société de livraison, et aussi comme plongeur dans les eaux de l'Hudson... Labyrinthe étonnant, La plume de l'ours marque les débuts romanesques d'une Genevoise installée aux Etats-Unis depuis 1993. Professeure de littérature contemporaine dans une grande université de la côte Est, Carole Allamand prouve ici qu'elle semble promise à un bel avenir.