"C'est le meilleur salon que je connaisse. Il fait vivre la littérature et ne fait pas la promotion des écrivains commerciaux". Convivialité et exigence : cette spectatrice enthousiaste résume bien l'atout des Assises internationales du roman de Lyon, qui se sont déroulées cette année du 19 au 25 mai, essentiellement aux Subsistances, lieu culturel installé sur les bords de la Saône.
17 000 personnes se sont déplacées, estiment les organisateurs, contre 15 000 l'année dernière. La quasi-totalité des rencontres a affiché complet.
"Exigeant et festif ", se sont aussi les mots choisis par le directeur de la Villa Gillet, Guy Walter, qui organise l'événement avec le journal Le Monde. "Nous ne sommes pas dans l'actualité éditoriale et la qualité de la programmation est notre principal souci", souligne-t-il. Cela n'empêche pas le festival d'inviter des personnalités très médiatiques, comme le philosophe Bernard-Henri Lévy.
Malgré la présence de beaucoup de grands noms de la littérature, l'ambiance est détendue, et l'humour souvent au rendez-vous. Ainsi, lorsque l'écrivain irakien Ali Bader, interrogé sur sa manière d'écrire, déclenche l'hilarité générale en répondant : "Madame, j'écris toujours dans un café, je ne peux pas écrire en pyjama à la maison", "Comme Sartre !" fait remarquer à l'auteur de Papa Sartre (Seuil, 2014) un auditeur, dans la salle, ce qui provoque de nouveau les rires.
L'écrivain qui a confié vouloir écrire des "romans comiques" sur l'immigration dans son nouveau pays, la Belgique, a parlé de son œuvre et de sa vie devant une trentaine de spectateurs, surtout des femmes d'un certain âge. Venu "par curiosité", un couple achètera l'ouvrage, quand une dame espérait un échange plus poussé sur l'engagement politique de l'auteur.
Même ambiance détendue avec Chantal Thomas, qui lit un texte inédit inspiré d'un tableau de Fragonard devant une quarantaine de personnes dans une salle du musée des Beaux-Arts. L'historienne et romancière lyonnaise, malgré sa lecture plutôt timide, plaisante avec les spectateurs, dont certains n'hésitent pas à lui livrer leur propre interprétation de l'œuvre du peintre.
Ballons colorés
Ambiance festive également sous la Verrière des Subsistances, quand Olivier Py, le directeur du festival d'Avignon, raconte devant plus de 500 personnes des contes peu connus de Grimm, dont celui de Jean le Veinard. Festive, quand des ballons colorés sont distribués aux enfants à la sortie.
Un public compact se presse également pour une discussion sur le rôle politique de la littérature. Sur la scène, quatre écrivains : Boubacar Boris Diop, Martin Caparros, Christos Chryssopoulos et Patrick McGuiness. Et l'entretien philosophique entre Bernard-Henry Lévy et Jean Birnbaum se déroule devant un public de tous âges, particulièrement attentif, certains prenant même des notes.
Chaque fois, dans le public, beaucoup d'habitués, férus de littérature, mais aussi des curieux, qui venaient là découvrir des auteurs dont ils avaient entendu parler. La projection d'un film présentant le regard de trois écrivains grecs sur la ville d'Athènes et la crise dans le pays attire initiés et profanes.
Les étudiants font partie intégrante du festival. Ce sont eux, reconnaissables à leur blouse bleue, qui s'occupent de l'accueil et de la billetterie, de la distribution des casques et de l'organisation du placement lors des rencontres et conférences. Des lycéens participent également grâce à un partenariat avec une soixantaine de classes de l'académie de Lyon.
Un bémol cependant, seul un public averti a afflué au stand tenu conjointement par sept libraires de la ville. L'offre, cohérente avec l'angle du festival, était composée des livres des auteurs invités et des titres issus du fonds.
Pour Cathy Saurin, libraire chez Rive Gauche à Lyon, ce n'est peut-être pas le bon choix : "Peut-être faudrait-il plus d'actualité littéraire, suggère-t-elle. Les gens qui viennent sont pour beaucoup un public Télérama, ils connaissent déjà ces ouvrages".