3 octobre Histoire Etats-Unis

Marcus Rediker- Photo JIM BURKE CIDDE UNIVERSITY OF PITTSBURGH/SEUIL

Marcus Rediker part d’un constat simple : puisque pendant quatre siècles l’esclavage a été considéré comme un commerce, examinons-le comme tel ! Avec ses usages et ses bateaux. En prenant le port de Liverpool comme référence et, parmi les vaisseaux, le Brooks, qui transportait à lui seul 482 esclaves, l’historien américain, professeur à l’université de Pittsburgh, raconte la traite vue du pont de ces navires où règnent la peur, la violence, la maladie et la mort.

Il explique le système de relation entre le capitaine détenteur de pouvoirs absolus et les membres d’équipage, mais aussi entre les marins parfois rebelles et les esclaves, puis entre les esclaves eux-mêmes. Il montre aussi comment, de la fin du XVe siècle à la fin du XIXe siècle, a fonctionné ce capitalisme avec ses banquiers, ses fonctionnaires et ses propriétaires qui firent commerce de plus de 12 millions d’êtres humains !

Les textes rapportés par Marcus Rediker sont éprouvants, mais ils permettent de comprendre comment ils ont fourni aux abolitionnistes des arguments pour lutter contre « la violence de l’abstraction » où il n’était question que d’achats, de ventes, de cartes et de cargaisons et jamais d’hommes, de femmes ou d’enfants.

Beaucoup d’ouvrages ont paru sur l’histoire de l’esclavage. Celui-ci innove par son angle. Il l’observe de l’intérieur. Le navire négrier avait jusqu’alors été quelque peu écarté des travaux à l’avantage des mécanismes de la traite. Voici cette lacune comblée par ce livre majeur qui a remporté plusieurs prix lors de sa parution en 2007 aux Etats-Unis.

L. L.

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