Après une longue absence, me revoilà à savourer les délices de romans, d’hier et d’aujourd’hui. De renouer des amitiés, d’échanger des livres. Lorsque j’étais critique littéraire je recevais en moyenne 6000 livres par an. Un jour tout ça s’est arrêté quand j’ai quitté le JDD. Ça ne m’a pas surpris. Je me souviens de Jorge Semprun, devenu membre du jury Goncourt, faisant la même découverte quand il a cessé d’être le chroniqueur du JDD…   J’ai repris le chemin des librairies, le goût des livres offerts par les copains. Il m’arrive, même de rencontrer des éditeurs, ou anciens éditeurs comme je suis ancien journaliste, qui m’offrent quelques livres et j’aime ça. Je viens d’en lire trois que je voudrai partager avec vous.   Je   vous ai raconté que mon amie américaine Sue m’a offert Ragtime de E. L. Doctorow (bibliothèque Pavillons Robert Laffont). Quel choc ! Encore un grand auteur américain, encore un grand livre ! La richesse de ces 399 pages est stupéfiante. C’est le vent de l’histoire américaine au début du XXème siècle qui vous balaie comme une tornade. Des personnages forts : Grand-père, Mère, le Jeune Frère de Mère de la bonne bourgeoisie de New Rochelle dans l’Etat de New York, la belle Evelyn Nesbit qui oscille entre bourgeoisie et plèbe, les immigrants Indiens Mameh et Tateh, les Noirs Coalhouse Walker Junior et Sarah, mais aussi l’illusionniste Harry Houdini, la féministe Emma Goldman, le banquier Pierpont Morgan (le fondateur de JP Morgan), Henry Ford etc. Passent le racisme et l’amour, le terrorisme et la « philosophie » capitaliste, la richesse outrancière et la pauvreté abjecte. Autant de sujets traités dans la littérature américaine qui n’hésite pas à regarder la vérité en face. Ce qui m’a frappé le plus, ce sont les pages sur les luttes sociales made in USA. Avec la crise financière de septembre 2008, j’avais définitivement classé les Etats-Unis comme la Mecque du capitalisme, au point d’oublier que Wall Street ne s’est pas fait en un jour. L’Amérique a aussi des racines sociales, syndicales ; la violence qui a brisé les grèves de 1912 dans le textile de Lawrence (Massachusetts) avec Internationale et Bread and roses (du pain et des roses) hurlés par 20.000 grévistes, tirs par des milices et la police sur des cortèges de femmes et d’enfants, etc.   Anne Carrière a du céder la place à la tête des éditions qui continuent à porter son nom. Nous n’avons pas toujours été d’accord mais partageant un temps libre non choisi nous déjeunons ensemble. J’en profite pour lui chiper Si on te demande, tu diras que tu ne sais pas de Katia Denard, la fille du   mercenaire Bob Denard, que j’avais aperçu la veille à la télévision. Un livre touchant comme son auteur : petite fille perdue, femme au clair avec de sa vie sans doute en devenant psychanalyste. Mérite le détour.   Quelques jours après avoir partagé un café, Myriam Anderson, une amie d’ami devenue éditrice chez Actes Sud, me fait parvenir un roman de Michael Köhlmeier, Idylle avec un chien qui se noie (Jacqueline Chambon) : « Je t’envoie ce petit bijou allemand que je trouve superbe et dont j’ai bien peur qu’il passe sous le radar. Il a tout, pourtant, du talisman. » Elle a raison Myriam, à part quelques blogs, on n’a guère parlé de ce livre sorti en avril. Ne le ratez pas, c’est bien un bijou dont je ne vous dirai rien tant ce livre est surprenant, bluffant, bouleversant. Enfin, si : un auteur reçoit son éditeur à la campagne et ils commencent à se tutoyer…   PS : Merci à Cathulu et Brize qui ont ouvert le chemin des compliments à Alzheimer mon amour de Cécile Huguenin (Héloïse d’Ormesson). Vive les bloggeuses, l’éditeur est fier. Si vous voulez en savoir plus, allez voir : Cathulu et Surmesbrizees

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