Le premier s’est installé en 1997 en bord de mer, à Guimaëc, au cœur de la baie de Morlaix. Depuis, la Bretagne fait figure de terre de prédilection pour les cafés-librairies. La région en recense le plus grand nombre. Vingt-quatre y sont implantés, soit 16% du nombre total de librairies répertoriées sur le territoire. Un chiffre qui devrait encore s’accroître cet été. Mellionnec, bourgade de 421 habitants au sud des Côtes-d’Armor, fêtera l’ouverture du Temps qu’il fait, un projet porté par Elise Feltgen qui a longtemps dirigé Les Mondes magiques à Rouen. A la même période, Coline Hugel quittera sa Colline aux livres, une librairie généraliste à Bergerac, pour reprendre le café-librairie de Pénestin (Morbihan), Le Bateau livre.
Longtemps taxée d’originale et d’atypique, et ignorée des instances nationales, la formule bénéficie maintenant d’une bienveillance, jusqu’à être qualifiée de circuit innovant. "Enfin ! Nous ne sommes plus les vilains petits canards. Nous sommes reconnus comme des libraires à part entière jusque dans les plus hautes instances, et nous représentons même un modèle d’énergie et de développement", se félicite Valérie Fèvre, copropriétaire de La Cabane à lire, à Bruz (35), et présidente de la fédération Calibreizh, qui regroupe 17 cafés-librairies dont 3 en Loire-Atlantique. Commerce mixte qui répond particulièrement bien aux besoins de zones de chalandise moins favorables à la librairie classique, le café-librairie constitue en effet "un modèle intéressant en termes de développement économique d’un territoire, notamment en zone rurale où il est indispensable d’associer d’autres produits et activités aux livres", confirme Bruno Dartiguenave, conseiller livre et lecture à la Drac. Soutenus de manière significative depuis la signature, en 2015, de la convention Région-CNL-Drac, les cafés-librairies bretons possèdent un autre atout: ce sont les seuls à avoir réussi à se fédérer à l’échelle régionale. Fondée en 2007 mais opérationnelle depuis la création d’un poste de permanent en 2011, Calibreizh constitue une tête de pont sur le front de la mutualisation en Bretagne. A tel point que Valérie Fèvre reconnaît parfois jouer les porte-voix pour tous ses confrères bretons, notamment sur le plan économique, outrepassant ainsi la défense stricte des cafés-librairies.