22 AOÛT - ROMAN France

Christian Authier- Photo F. MONTAVANI/STOCK

C'est en 2007 que bascule la vie de Patrick Berthet, un architecte toulousain de 48 ans, sans problème particulier jusque-là. Ses affaires ont l'air de bien marcher, et il est même heureux en famille. Il est toujours amoureux de Marie, sa femme, et leurs deux enfants, Amandine et Thomas, sont des ados normaux et de "parfaits crétins" : une peste et un guitariste de rock. Jusqu'au jour où son père, un vieux gaulliste grande gueule et tyrannique, fait un AVC. Transporté à l'hôpital, il mettra un mois à mourir. Quant à sa mère, elle "perd les pédales », comme dit Patrick, le narrateur de cette histoire - jusqu'au dernier chapitre.

Tout à coup, ce qui cimentait son existence semble se déliter, et, le rempart paternel disparu, il se retrouve en première ligne face à son destin, à la mort. Justement, il commence à ressentir des malaises. Les médecins diagnostiquent une leucémie. Il ne lui resterait que quelques mois à vivre...

Il décide alors de se mettre en marge afin de profiter du temps qui lui est accordé. Il quitte momentanément son cabinet, sa famille, et s'installe à l'hôtel. Même après qu'il a appris que les hommes de l'art se sont trompés et qu'il ne souffre que d'un ulcère bénin, il persiste dans son abstraction : "Je n'étais plus de ce monde et il me le rendait bien", note-t-il.

Neuf mois plus tard - durée symbolique, bien sûr, celle d'une grossesse -, Patrick revient dans le siècle, mais pas complètement : "Vivant, je me sentais plus mort que lorsque j'étais sur le point de mourir." Aurait-il acquis une forme de sagesse ? Il adopte en tout cas, face aux événements, une attitude de résistance, une autre façon de vivre, savourant le bonheur de l'instant, qui lui - nous - est compté.

Une certaine fatigue est un roman plus "mûr" que les précédents de Christian Authier. Toujours générationnel, mais ses protagonistes sont cette fois des quasi-quinquagénaires angoissés à l'idée d'entamer la seconde moitié du parcours, qui remettent en question un certain nombre de valeurs auxquelles ils avaient cru jusque-là : le matérialisme ou les sacrifices au nom de la réussite sociale, par exemple.

"On avance, on avance, on avance, chante Alain Souchon, C'est une évidence,/On n'a pas assez d'essence/Pour faire la route dans l'autre sens./Il faut qu'on avance." Ce morceau pourrait figurer dans la B.O. du roman, très riche, qui va de Springsteen à Lavilliers en passant par New Order, de même qu'y sont nombreuses les références cinématographiques. A la manière de Souchon, Christian Authier traite de sujets graves sans pathos, avec élégance, délicatesse, et humour. Cependant, on lui reprochera certains passages superflues, sur la politique ou la mondialisation.

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