À l’invitation de la Sharjah Book Authority, quinze éditeurs francophones d’Afrique se sont rendus quatre jours dans l’émirat collé à Dubaï pour participer aux journées professionnelles en marge de la 42ᵉ Foire du livre de Sharjah. Au programme : une journée de formation à la New-York University de Sharjah sur le développement numérique du livre, une conférence internationale puis deux jours d’échanges de droit.
« L’Afrique s’est parlé à Sharjah ! »
Venus de Madagascar, du Bénin, du Cameroun, du Burkina Faso... ces éditeurs ont été sélectionnés par Adcf-africa, l’agence de conseil d’Agnès Debiage, en collaboration avec l’agent Raphaël Thierry. L’ancienne libraire en Égypte accompagne dans le développement les structures du livre et de la culture en Afrique. « Cinq des sept nouveaux pays participant à la Sharjah Publishers conference cette année sont issus d’Afrique francophone », raconte-t-elle à Livres Hebdo.
L’organisation émiratie a souhaité cette ouverture vers les pays sub-sahariens francophones pour développer les échanges avec le monde arabe. « Cela a été bien plus bénéfique que cela, raconte Agnès Debiage. On s’est aperçu que les éditeurs francophones d’Afrique ne se connaissaient pas entre eux. L’Afrique s’est parlé à Sharjah ! », s’enthousiame-t-elle.
Et ces discussions ont révélé de nombreuses surprises. « Nous avons un défi, explique le malgache Fano Razafimamonjiraibe, des éditions Teny, c’est d’améliorer la qualité de l’édition à Madagascar. Par exemple, il y a un vrai marché pour les beaux livres et livre objet jeunesse ». Ces derniers sont difficilement trouvables dans les librairies de la grande île du sud du continent africain.
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Délimitation des territoires pour l’accord de droit
Bien plus haut sur la carte, au Bénin, « il y a un vrai sentiment des consommateurs pour le fait local, c’est pour quoi je cherche à acquérir des droits pour poser ma marque sur l’ouvrage, gage de meilleures ventes pour le livre dans le pays », expose Christophe Tonon, des éditions Christon.
En juin dernier, il a participé au Paris Book Market où il a engagé un deal avec l’éditeur auvergnat La poule qui pond. À Sharjah, il est entré en contact avec des éditeurs d’Europe de l’est, d’Inde et d’Afrique anglophone.
Une réunion avec ces derniers s’est d’ailleurs tenue pour ouvrir l’épineux sujet de la délimitation des territoires pour les droits en Afrique. « Il faut encore travailler sur le sujet, mais tout le monde a été d’accord sur le fait que cela n’avait plus de sens de vendre des droits trop large, les éditeurs étant compétents dans leur pays et éventuellement ceux frontaliers », résume Agnès Debiage.
Cette dernière va renvoyer à chacun des participants de la délégation francophone un questionnaire pour tenter d’avoir des données concrètes sur les échanges de droits opérés aux Emirats. Pour ce qui est des échanges d’idées, c’est déjà une réussite.