Dans les maisons d’édition scolaire, « les patrons sont inquiets et les équipes déprimées », assure un bon connaisseur du milieu qui ne voit pas le bout du tunnel.
En cause, cette instabilité politique qui obscurcit l’avenir des réformes. Elle fait surtout suite au trop long démarrage du projet de réformes après l’annonce du « Choc des savoirs » de Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, début décembre 2023.
Déjà du retard
Après un remaniement au long cours en début d’année, qui a vu s’installer Nicole Belloubet rue de Grenelle, les projets de programme pour cette rentrée 2024 ont été publiés par le Conseil supérieur des programmes (CSP), déjà sur le tard, en mars. Par ailleurs, le décret sur la labellisation des manuels, annoncé dans le « Choc des savoirs », n’a toujours pas été publié. Pour rappel, ces réformes devaient s’appliquer en mathématiques et français pour les cycles 1 et 2 en 2024, puis jusqu’en 2026 pour les autres disciplines et niveaux concernés.
« Tout est suspendu »
Finalement, certains ont pu commencer à travailler sur ces projets de programmes, « mais tout est suspendu depuis l’annonce de la dissolution », explique Valérie Barthez, directrice générale de l’association Les éditeurs d’éducation. « La particularité de l’édition scolaire est qu’elle est très dépendante des décisions politiques, sur la partie réforme des programmes », rappelle-t-elle. Il faudra donc a minima attendre le 8 juillet, lendemain du second tour des élections législatives, pour savoir quel exécutif sera en place. Et il semble peu probable que « des décisions soient prises pour cette rentrée d’ici la fin de l’été ».
Un flou qui se prolongerait pour les éditeurs d’éducation, qui s’attendaient à une solide réforme sur trois ans, après la saisine en mars du CSP par le ministère de l’Éducation. Tout a volé en éclat et devrait au moins être remis à un an, si ce n’est repartir de zéro.