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Les éditions Michel Lafon sur tous les fronts

Les nouveaux locaux des éditions Michel Lafon, boulevard de la Madeleine à Paris VIIIème - Photo ©ED

Les éditions Michel Lafon sur tous les fronts

Présent pour la première fois à la Japan Expo avec des auteurs de webtoon dans lesquels il a investi depuis deux ans, Michel Lafon se lance également plein d’espoir dans la rentrée littéraire. Avant une ouverture de capital encore indécise, rencontre dans les nouveaux locaux du boulevard de la Madeleine, à Paris.

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Par Éric Dupuy
Créé le 10.07.2024 à 17h58 ,
Mis à jour le 11.07.2024 à 11h25

Le chantier en cours du prochain siège de Chanel juste en face laisse poindre des éléments emblématiques de la capitale tels que le dôme des Invalides ou le clocher de l’église polonaise de la rue du Faubourg St Honoré. De retour à Paris après une longue période à Neuilly-sur-Seine, les éditions Michel Lafon savourent ce nouvel écrin. « On sort de la périphérie et on s’installe au cœur du quartier des affaires », se réjouit Elsa Lafon, la directrice générale.    

« Diversifiés et agiles »

Au-delà du symbole, le déménagement de Michel Lafon marque également un vent nouveau dans la manière de travailler au quotidien pour la quarantaine de collaborateurs de la maison. « Le fait d’être sur un étage, plus resserrés, nous permet d’interagir beaucoup plus entre nous », confie Anne Procureur, la responsable des relations presse. « On retrouve une effervescence », poursuit Elsa Lafon, qui fait tout de suite le lien avec son adjoint, Florian Lafani, revenu en début d’année dans la maison après avoir dirigé les éditions Fleuve chez Editis.

Lire : Florian Lafani de retour chez Michel Lafon

« Aujourd’hui, il nous faut être diversifié et agiles », évoquent de concert les deux dirigeants. Un credo répété par plusieurs employés, comme Frédéric Guyomard, le directeur marketing, qui reconnait que « le marché évolue rapidement et (qu')il faut changer avec lui ». Résultat, malgré une importante baisse de la production de titres annoncée l’an dernier, la maison continue de s’étaler sur de nombreux segments.

Lire : Michel Lafon se réorganise et poursuit sa diversification

Première à la Japan Expo

Dès ce jeudi, la marque sera sur le stand de son partenaire coréen Naver Webtoon pour la première fois à la Japan Expo, à Villepinte. Michel Lafon a investi ce marché du webtoon papier il y a deux ans. « C’est un excellent format », analyse Elsa Lafon qui confie « être encore en phase d’investissement sur ce segment » avec néanmoins une série écoulée à 70 000 exemplaires, White Blood de Lim Lina, qui sera en dédicace.

Japan Expo
Stand de Naver Webtoons en préparation à la Japan Expo 2024, avec sur les grands écrans, Killer Peter, une série publiée en papier par Michel Lafon- Photo EL

Autre nouveauté pour la maison, la présence de l’un de ses titres à la rentrée littéraire avec le roman Les Guerriers de l’hiver, d’Olivier Norek. Un souhait de l’auteur, selon son éditeur. « L’écrivain a une ambition, et on l’accompagne », assure la dirigeante qui égrène les rendez-vous littéraires pour « pitcher » le roman aux jurys des prix, « avec beaucoup d’espoir mais surtout de l’humilité ».

Formats hybrides en beau-livre

Ces nouvelles activités n’empêchent pas la maison de poursuivre ce qu’elle sait faire et qui semble lui réussir, malgré la contraction des marchés : du beau-livre notamment avec à paraitre les grands classiques Pâtisserie maison de François Perret, chef au Ritz, ou encore l’Egypte avec Lorànt Deutsch et Stéphane Bern mais également l’unique beau-livre officiel d’Elton John, Farewell Yellow Brick Road et de Taratata avec Nagui, « fidèle à l’esprit show-biz de la maison, commente Elsa Lafon . « C’est une économie qui n’est plus la même », considère Frédéric Guyomard qui recherche des partenaires comme Marmiton, par exemple, pour publier des formats hybrides (beau-livres plus petits et souples) afin de « proposer des prix de ventes attractifs ».  

La jeunesse reste un fort enjeu également pour la maison. « Quand on a un phénomène Young Adult, il faut y aller à fond », explique le directeur marketing, illustrant le succès de la série Shatter me de Tahereh Mafi et traduit par Jean-Noël Chatain qui a ressurgi grâce à TikTok dix ans après sa première publication. « Même si on ne sait pas trop ce que cela dit de la nouvelle manière de consommer un livre, confie Frédéric Guyomard. On s’aperçoit que les lecteurs posent les livres à l’envers sur les étagères pour mettre en valeur les jaspages, alors on s’adapte en travaillant particulièrement cette tranche ».

Ce dernier est particulièrement emballé à l’idée de publier fin octobre des poèmes inédits de Marcel Pagnol, « très bucoliques », à destination des enfants (voir en document partagé). « Les fables de La Fontaine modernes », s’enthousiasme-t-il. Ils ont été confiés à l’éditeur par le fils de l’auteur, Nicolas Pagnol, « deux ans après la mort de la veuve qui avait bloqué la publication de ces écrits », confie la dirigeante.  

Ouverture de capital

Cette dernière, à l’image de sa programmation, est sur tous les fronts. Elle ne cache pas la nécessité de la marque créée par son père et dont elle a repris la destinée pendant le Covid de s’ouvrir prochainement à des investisseurs pour espérer poursuivre sa route sereinement. Le plus probable reste une prise de participation du groupe Editis, qui gère la diffusion-distribution des éditions Michel Lafon.

« Ce sont les plus proches », commente Elsa Lafon, qui assure regarder également du côté de Media-Participations, « dont j’aime l’aspect familial » mais aussi d’Hachette, « dont la promiscuité avec Canal est intéressante pour nous », sans compter « l’intérêt surprise et rassurant d’investisseurs étrangers au monde de l’édition », élude-t-elle enfin. Toujours à l’image des éditions Michel Lafon : sur tous les fronts.   

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