Des femmes de ménage au paradis. La publication en 2017 de Manuel à l'usage des femmes de ménage (Grasset) a permis au public français de découvrir enfin tout le talent protéiforme de cette femme et écrivaine au bord de la crise de nerfs et de génie qu'était Lucia Berlin (1936-2004). Les meilleures de ces nouvelles se situaient quelque part dans l'histoire de la littérature américaine contemporaine entre l'humanité navrée d'une Alice Munro et l'hédonisme solaire d'une Eve Babitz.

C'est exactement les mêmes mères (ou sœurs) tutélaires, la même inspiration où la mélancolie le dispute à une certaine forme d'ironie gorgée d'humanité que l'on retrouve tout au long des 22 nouvelles qui composent ce nouveau volume,Un soir au paradis. Des histoires de femmes le plus souvent, de femmes d'à côté, parfois de jeunes filles ; des histoires de formation et de déformation. Lucia Berlin promène son lecteur partout où l'a déposée son existence errante, au Chili, au Texas, à New York jusqu'à la station balnéaire de Puerto Vallarta au Mexique. Un drôle de patchwork qui compose à la fin un même motif de vies désaccordées. Stars de cinéma comme simples filles qui essaient de s'en sortir s'y noient avec une identique élégance dans les eaux toujours profondes de la solitude. L'amour est là parfois, l'amour s'en va, la vie reste. Magique et cruelle.