Alors que nombre de bibliothécaires déplorent depuis longtemps la faible présence française dans les instances internationales, les élections organisées pendant le dernier congrès de l’Ifla, en août à Wroclaw (Pologne), ont réservé une bonne surprise : un nombre significatif de professionnels français ou de pays francophones ont été élus dans les sections et groupes thématiques de l’Ifla.
Selon les chiffres communiqués par la fédération à Livres Hebdo, 44 Français ont obtenu un mandat. Une évolution à laquelle a contribué le travail de longue haleine mené par le Comité français international bibliothèques et documentation (CFIBD), la branche française de l’Ifla. Celui-ci attribue notamment chaque année des bourses pour permettre à des professionnels français ou francophones de participer au congrès de l’Ifla. Il accompagne aussi les candidats tout au long du processus complexe d’élection et mène une action de lobbying pour pousser les candidatures françaises.
Un wiki bilingue
"Ces résultats constituent une bonne surprise, se réjouit Franck Hurinville, président du CFIBD, à l’issue du congrès. C’est important de faire valoir le point de vue français sur un certain nombre de questions telles que le droit d’auteur ou les normes de catalogage." Afin de faciliter l’entrée des Français dans les quelque cinquante sections de l’Ifla (gestion de l’information, bibliothèques scolaires, catalogage, etc.), le CFIBD a prévu de publier en ligne une cartographie indiquant le nom des membres et les places vacantes. Il vient également de mettre en ligne un wiki bilingue français-anglais des termes bibliothéconomiques et devrait lancer prochainement un appel à contribution pour traduire intégralement tout le site Internet de l’Ifla, dont seule une partie est actuellement accessible en version française.
Rompre avec son image
Le renforcement de la présence française intervient à un moment clé dans la vie de la fédération, qui vient de lancer, avec son programme Global Vision, un vaste chantier de consultation auprès des professionnels du monde entier pour élaborer un nouveau plan stratégique en prise directe avec sa base. Ce projet est une nouvelle brique dans la politique entamée par la fédération depuis plusieurs années pour rompre avec son image de petit groupe d’experts issus majoritairement des pays riches industrialisés, et conforter son rôle de porte-parole des bibliothèques à l’échelle internationale.
L’Ifla a bien conscience que sa légitimité ne peut s’appuyer que sur une forte implication des professionnels au niveau local et sur une réelle représentativité dans ses instances de toutes les régions du monde. "La nouvelle présidente de l’Ifla est espagnole, le secrétaire général est autrichien, et la trésorière allemande. Je pense que cela va changer le rapport à la langue de travail, l’anglais, et montrer qu’il n’est pas indispensable de la parler parfaitement pour s’investir, analyse Franck Hurinville. Mais il reste du chemin à faire. Il y a encore peude Français dans le conseil d’administration de l’Ifla."