ÉCHANGES DE DROITS

La porte de Brandebourg, à Berlin.- Photo DR

Si le couple politique franco-allemand est en pleine scène de ménage, en matière d'édition c'est plutôt la lune de miel. Selon les premières tendances des statistiques (Bief/SNE) de cessions de droits qui seront rendues publiques le 28 juin, l'allemand a rejoint l'espagnol et même le dépasserait en matière de traductions du français. Le nombre de contrats entre les éditeurs français et leurs homologues de langue allemande (les Allemands principalement, Autrichiens et Suisses) a progressé "de plus d'un tiers entre 2010 et 2011" selon le directeur du Bief, Jean-Guy Boin, passant même la barre du millier de cessions. Le français est la deuxième langue la plus traduite en Allemagne, derrière l'anglais. C'est pourquoi on retrouve encore cette semaine dans les dix meilleures ventes allemandes Ziemlich beste Freunde de Pozzo di Borgo, qui a inspiré le film Intouchables, ou Empört Euch ! de Stéphane Hessel. En France, l'allemand est la 3e langue la plus traduite derrière l'anglais et le japonais (1). d'après René Strien, le président du groupe des éditeurs grand public auprès du Börsenverein, les professionnels allemands ont signé avec les Français près de 500 contrats de cession en 2011.

Cet envol des échanges découle notamment de la politique volontariste du Bief qui organise depuis quatre ans à Berlin, avec l'ambassade de France, des rencontres thématiques entre éditeurs. La quatrième édition à la fin de mai, consacrée à la littérature, a réuni 150 professionnels contre une vingtaine pour la première. Et si la littérature française séduit outre-Rhin, c'est aussi parce que ses thématiques sont similaires à celles qui questionnent la société allemande. "Nous nous intéressons aux auteurs allemands issus de l'immigration, et ces regards d'écrivains qui possèdent un double horizon culturel, nous les retrouvons en France chez Yasmina Khadra ou Atiq Rahimi", précise Ulrike Ostermeyer des éditions Ullstein. L'autre tendance de la fiction allemande est de se pencher sur son histoire contemporaine, ce qui explique l'intérêt pour "l'écriture distanciée sur la Seconde Guerre mondiale que l'on trouve chez Jonathan Littell (Les Bienveillantes, Gallimard), Paul Claudel (Les âmes grises, Stock) ou Laurent Binet (HHhH, Grasset)", selon Delf Schmidt, ancien de Rowohlt.

(1) Voir LH 904 du 6.4.2012, p. 15

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