Fabrice Colin est, entre autres, auteur de romans policiers. Cela peut expliquer ceci : sa connaissance des dossiers criminels et sa fascination pour les escrocs, à condition qu’ils se montrent inventifs - voire géniaux comme ce Nippon qui, en 1968, a soulagé, sans coup férir, la banque Nihon Shintaku Ginko de près de 300 millions de yens (plus de 800 000 dollars de l’époque), et dont on n’est même pas sûr de l’identité : peut-être un certain Yuji Ogata - et non violents. Pour une fois, le cerveau triomphe, plutôt que la force brutale. On a nettement l’impression, de nos jours, que ces temps sont révolus, quand les truands étaient des personnages d’Audiard et les mafiosi des hommes d’honneur.
Mais cet Atlas du crime parfait n’est pas que nostalgique. Il se veut aussi branché, à la fin. Avouons toutefois que Madoff et les hackers ne nous fascinent guère, et nous amusent beaucoup moins que les tontons d’antan, à peine flingueurs. Fabrice Colin rappelle, de manière claire, moderne (grâce aux cartes et schémas d’Aurélie Boissière) et plaisante, quelques affaires très connues, comme le vol de La Joconde, en 1911, par un Italien et pour des raisons patriotiques, la mythique attaque du train postal Glasgow-Londres, en 1963, ou encore l’escroquerie incroyable des carnets de Hitler, dus à Konrad Kujau, mystificateur de génie. Mais l’inspecteur Colin lève aussi un coin du voile sur certaines énigmes plus secrètes, ou sur des affaires non résolues : ainsi, on apprend que, parmi tout le butin des voleurs, ce sont les œuvres d’art que l’on a le plus de mal à retrouver. Comme ces cinq tableaux de Matisse, Braque, Picasso, Modigliani et Léger dérobés au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, en 2010, un véritable scandale, et qui ont peut-être fini aux ordures. Ou pas. J.-C. P.