Dans Le mystère des livres disparus (Hoëbeke, 2015), le premier volume des quatre de sa série Les enquêtes en bibliobus d’Israël Armstrong, Ian Sansom nous avait fait découvrir le plus farfelu des détectives-amateurs : Israël Armstrong, bibliothécaire en bibliobus à Tumdrum, au nord du nord de l’Irlande du Nord, l’Ulster. Là où "il pleut tout le temps". Non sans peine, le héros était parvenu à s’installer dans un poulailler chez les Devine, une famille de taiseux hostiles, à se faire embaucher par la Communauté de communes et respecter par sa chef, Linda Wei, à la fois dépressive et autoritaire. Il faut dire que, pour son intégration, il n’est pas vraiment aidé : célibataire (sa "fiancée", Gloria, vit à Londres et le laisse sans nouvelles), Anglais, végétarien, intello, d’une timidité maladive qui rend ses réactions et ses phrases pas toujours aisées à comprendre, et juif ! Ni croyant ni pratiquant, c’est pour lui une origine comme une autre, à laquelle il n’avait jamais réfléchi jusque-là. Mais le racisme plus ou moins latent chez ses concitoyens (les policiers, surtout), sur ces terres orangistes qui ont refusé l’indépendance et le rattachement à l’Irlande du Sud (Eire), et la mort de sa grand-mère vont l’amener à s’interroger sur sa judéité. Un élément qui participe de la tonalité de ce deuxième volume : toujours aussi déjanté, mais plus sombre. Kafkaïen.
Un matin du week-end de Pâques, alors qu’il se rend au Grand Magasin du Bout du Monde, chez Dixon & Pickering, afin d’y installer les panneaux d’une exposition sur cette institution centenaire, Israël tombe en plein drame : le patron, Mr. Dixon, a disparu (enlevé, racketté, assassiné ?) et tous les coffres, qui contenaient des centaines de milliers de livres sterling, sont vides. Curieux, Israël fouine, laisse ses empreintes un peu partout. Erreur fatale. Dès son arrivée, le sergent Friel le considère comme le suspect idéal. Et les explications plus que confuses du bibliothécaire n’ont rien pour le faire changer d’avis. Voici Israël embarqué sans ménagements, menotté, placé en garde à vue, interrogé de façon musclée puis, à poil, en détention préventive, pourvu d’un avocat commis d’office peu motivé. Libéré sous caution grâce à son ami Ted, le chauffeur de taxi bourru qui l’a pris en affection, le cauchemar continue : sa copine Rosie, du pub First & Last, le boude. Linda Wei le met à pied et sa logeuse, George, manque le jeter à la rue. Il lui faut, de toute urgence, démontrer son innocence et retrouver Mr. Dixon. Avec Ted, il commence par questionner sa femme, qui cache plus de choses qu’elle n’en révèle. Puis, les deux compères vont remonter un fil, qui les mènera jusque dans le Donegal, en Irlande du Sud. Happy end, naturellement. J.-C. P.