Salman Rushdie a affirmé dimanche dernier via son compte Twitter que les éventuelles menaces d'attaques terroristes dirigées contre sa personne avaient été montées de toutes pièces par ses détracteurs (voir aussi notre
actualité du 19 janvier 2012). Les autorités indiennes du Rajasthan auraient en effet délibérément menti, échaffaudant pour ce faire de fausses preuves afin d'inciter les organisateurs du festival à annuler la venue très controversée de l'écrivain.
Salman Rushdie, qui avait lui-même préféré annuler sa visite pour des raisons de sécurité, se dit, selon la BBC, «
outré et scandalisé » d'avoir ainsi pu être manipulé. Le Premier ministre Ashok Gehlot dément formellement les dires de l'auteur : «
Ces informations nous ont été confirmées, à nous et aux organisateurs du festival, par les services secrets indiens bien avant le début de l'événement. L'accusation de Salman Rushdie est donc infondée.» Ce à quoi le chef de la police de Maharashtra a répondu par la négative, certifiant qu'aucune information de cette envergure n'avait été transmise au gouvernement. «
Lorsque nous n'avons pas l'ombre d'un renseignement quant à des voyous ou à des tueurs à gages qui auraient planifié l'assassinat de Salman Rushdie, comment pourrions-nous divulger de telles informations à qui que ce soit? » a déclaré K. Subramaniam, directeur général de la police de Maharashtra.
Cette tentative d'intimidation serait donc, encore une fois, très intimement liée aux prochaines élections régionales dans l'Uttar Pradesh, élections pour lesquelles Ashok Gehlot tenterait toujours de s'attirer les faveurs du parti musulman, premier opposant de Rushdie en Inde.
Toutefois, l'auteur des
Versets sataniques ne compte pas que des ennemis dans son entourage. Durant le festival, les écrivains Hari Kunzru, Amitava Kumar, Jeet Thayil et Ruchir Josh ont vivement protesté contre l'injustice dont a été victime leur confrère en lisant publiquement quelques extraits de son oeuvre. Ces auteurs ont dû quitter l'Inde, de peur d'être arrêtés. Une pétition à l'attention du gouvernement circule d'ailleurs en ce moment même, dans l'espoir de voir un jour la publication des
Versets sataniques, interdits en Inde depuis 1988, de nouveau autorisée dans le pays.