Au carrefour des rues Saint-Hippolyte et Pascal puis du boulevard Arago, à Paris, la librairie Karthala reconfigure son espace. Sur 48 m2, une seule pièce viendra accueillir en janvier étagères et tables roulantes. Les 1 800 ouvrages qui ont déjà été publiés chez Karthala, également éditeur spécialisé en questions internationales, fondé en 1980, seront mis en avant. "En ouvrant l’espace, nous souhaitons organiser des rencontres thématiques deux fois par semaine autour de nos auteurs, créer un lien avec le public. L’édition ne se limite plus à la transmission de livres. Dans une époque où la dématérialisation s’impose, on a un besoin d’incarnation de celui qui produit cette transmission", explique Xavier Audrain, directeur de Karthala depuis 2013. Dans cet espace de rencontres qui pourra accueillir une trentaine de personnes, la librairie proposera aussi des coins dédiés à la jeunesse, aux revues et autres mooks, mais aussi les livres de leurs auteurs qui ont été publiés par d’autres maisons d’édition. Parmi leurs écrivains phares se trouvent Jean-François Bayart, auteur des Fondamentalistes de l’identité. Laïcisme versus djihadisme, et Jean-Pierre Chrétien, historien et spécialiste de l’Afrique des grands lacs. L’Afrique est d’ailleurs au cœur de cette maison qui s’autodiffuse et s’autodistribue. La ligne éditoriale de Karthala se décline en quatre pans : les sciences humaines et sociales, l’étude et l’apprentissage des langues africaines, la tradition orale et le fait religieux, notamment l’histoire des missions. "Nous ne faisons pas des livres qui rebondissent sur l’actualité mais qui permettent de la comprendre", souligne Xavier Audrain. A partir de l’année prochaine, la production sera réduite de 100 à 80 ouvrages par an. Une décision qui a été prise dans le cadre de cette reconfiguration de la librairie. Dans ce sens, l’une des personnes qui exerçait des tâches commerciales préparera désormais les rencontres et s’occupera de l’animation. Si cette maison, qui compte huit salariés, ne défend aucune position politique "et n’est pas militante", elle assume toutefois, par la voix de son directeur, son souhait de contrer, par le biais de l’édition, toute "dériveà tendance droitière ou identitaire" dans le milieu religieux. Isabel Contreras