Un programme rythmé
Les rencontres ont débuté les 28 novembre en permettant à huit libraires francophones venus de l'étranger de s'immerger chacun dans une librairie francilienne durant 48 heures. Mais le point d'orgue des échanges concoctés par l'AILF a eu lieu les 30 novembre et 1er décembre à la Marbrerie à Montreuil. Plus de quarante professionnels francophones travaillant pour ou avec la chaine du livre (libraires, éditeurs, bibliothécaires, mais aussi enseignants, chercheurs, milieux associatifs...) se sont réunis pour participer à des ateliers sur la littérature jeunesse. Quatre thématiques étaient abordées sur deux jours : la bibliodiversité, l'écologie des usages, les nouvelles générations d'auteurs, éditeurs et lecteurs, et enfin la médiation entre ces acteurs afin de développer l'accès au livre.
Des échanges nourris
« Mettant tout le monde à niveau » observe Isabelle Houndakenou (Libraire Notre-Dame à Cotonou, Bénin), les échanges ont permis de dresser des constats communs quelque soit les implantations géographiques. Ainsi de l'accélération de la production et du raccourcissement de la durée de vie des livres, de la méconnaissance de la chaine de valeur par le public et les professionnels, et surtout des difficultés parfois d'accéder aux livres, que ce soit pour des raisons financières, géographiques, d'éducation... Concernant les publics éloignés de l'écrit, de nombreuses expériences ont été présentées. Certaines ont mis en avant l'importance de la médiation et le rôle d'associations telles que Dulala, Réparer le langage je peux ou encore Parlons nos langues, qui, à partir de l'oralité ou d'autres formes d'expression, amènent vers la lecture.
D'autres ont montré l'intérêt, pour les professions en contact avec le public, de sortir des murs et de se rapprocher des lecteurs. Ainsi de la Caravane du livre dans certains pays d'Afrique de l'ouest.
Au-delà de la richesse des échanges, la force de ces rencontres est d'avoir su « impliquer impliquer les participants pour élaborer des pistes d'amélioration » observe Ana Caldeira (directrice de la bibliothèque interculturelle de Fribourg).
Trois actions prioritaires émergent ainsi du lot :
- amener les institutions culturelles françaises à l'étranger, dont l'Institut français, à acheter leurs livres localement auprès des libraires ;
- expliquer et communiquer sur la chaine de valeur via un document universel à la disposition de tous ;
- favoriser la circulation des livres et permettre aux auteurs du sud (africains notamment), publiés par des éditeurs du nord, de ne pas leur céder leurs droits pour certaines zones géographiques du sud, l'objectif étant de confier ces droits à un éditeur du sud qui pourra proposer leur livre à des prix en rapport avec le niveau de vie du pays.
Parmi les autres projets collectifs évoqués, figure aussi un comptoir pour les petits éditeurs peu présents au grand export.
Afin de donner vie à ces grandes directives, l'AILF est allée plus loin en invitant les participants à être porteurs de ces projets et à se désigner comme volontaires pour les suivre.
Particulièrement revigorantes, ces rencontres ont donné lieu à une restitution graphique croquée sur le vif par Mariette Robbes (Alliance internationale des éditeurs indépendants) et ont donné lieu à une table ronde de présentation lundi 2 novembre au salon de Montreuil.