Désaccord sur les RTT
Dans le cadre d'une négociation entamée en décembre 2017 pour harmoniser le temps de travail des salariés à la suite de la fusion des Puf et de Belin, la direction d'Humensis propose un temps de travail hebdomadaire de 37h30 avec 15 jours de RTT par an pour les salariés en horaires collectifs. Les salariés en forfait jour, soit la majorité, devraient 211 jours de travail avec la possibilité d’une journée de télétravail par semaine, et bénéficieraient de 41 jours de repos par an, "en conformité avec les pratiques au sein des maisons d’édition", estime la direction d’Humensis, contactée par Livres Hebdo. "C’est une proposition pour que personne ne soit lésé, entre ceux qui valorisent le salaire et ceux pour qui le temps de repos est le plus important", précise Frédéric Mériot, directeur général du groupe depuis le 1er janvier 2018.
Ce nouveau dispositif, proche de celui en vigueur aux Puf (37h et 12 jours de RTT) est jugé régressif par les salariés. Chez Belin, le personnel bénéficiait, avec 39h de travail hebdomadaires, de 22 jours de RTT par an. Même si les collaborateurs qui bénéficiaient antérieurement d’un nombre de jours de RTT supérieurs à 12 jours se verront octroyer une augmentation de salaire correspondant au rachat de 10 jours RTT, avec aussi la possibilité de prendre 5 jours de plus en y réinvestissant une partie de leur augmentation/rachat de jours, l'accord est "inacceptable, selon une éditrice de Belin. La direction essaie de niveler les conditions de travail par le bas. Nos heures de repos ne sont rien par rapport aux heures supplémentaires que l’on fait depuis des années et qui ne sont pas rémunérées." "On est déjà dans une surcharge de travail énorme. Il y a eu plusieurs burn out", ajoute Olivier Lacan, membre de la délégation unique du personnel (DUP), chez Belin depuis 2002.
Lettre ouverte
"Dans l’accord qu’ils proposent, tous les salariés perdent. Ça vise à nous faire sauter deux semaines de RTT, s’insurge Jacques Bordes, le délégué syndical. A l’initiative du débrayage, il fait partie des trois personnes licenciées à la suite de la restructuration du service de diffusion du groupe et a signé une lettre ouverte à Denis Kessler, P-DG de Scor, le principal actionnaire d’Humensis, pour dénoncer une charge de travail "de plus en plus intolérable" et "attentatoire à la santé des salariés".
Pour sa part, la direction d’Humensis assure avoir "accédé à une grande partie des demandes qui lui ont été faites dans le cadre de la négociation". Selon Frédéric Mériot, "si on ne signe pas d’accord, tout le monde revient au régime légal de 35 heures, ce qui n’est pas très adapté à nos métiers, se désole-t-il. Je préfère qu'il n'y ait pas d’accord du tout plutôt qu’un mauvais accord."