En 2013 encore, le nombre de livres traduits a augmenté plus que l’ensemble de la production de livres. Quand cette dernière croissait de 1,7 %, à 66 527 nouveautés et nouvelles éditions, toutes catégories confondues (1), les traductions progressaient de 2,7 %, avec 11 623 titres, d’après nos données Livres Hebdo/Electre. Un record qu’accompagne celui de la part des traductions dans l’ensemble de la production éditoriale française : 17,5 %. Elle n’était "que" de 17,3 % en 2012, 15,9 % en 2011 et moins encore les trois années précédentes. En parallèle, les traductions se concentrent plus que jamais autour d’une poignée de langues. Les cinq les plus traduites - anglais, japonais, allemand, italien, espagnol - alimentaient l’an dernier 85,8 % des traductions, contre 83,4 % l’année précédente.
L’anglais ne cesse de progresser.
Non seulement - ce n’est plus une surprise - les traductions depuis la langue anglaise dominent largement le total des traductions, mais, si l’on excepte 2012 où elles ont marqué le pas, elles ne cessent de progresser au fil des années. Plus de six livres traduits sur dix (60,2 %, contre 58,8 % un an plus tôt) sont désormais issus de l’anglais. En 2013, la hausse touche particulièrement la littérature, le fantastique et la SF, la BD ou encore les livres d’éveil pour la jeunesse, alors que l’anglais recule pour la production de fiction comme de documentaires pour la jeunesse.
Toujours dopé par le dynamisme éditorial du manga (88,7 % des 1 296 ouvrages traduits de cette langue l’an dernier), le japonais conforte sa deuxième position en alimentant 11,2 % des traductions en 2013, contre 10,5 % l’année précédente. L’espagnol (3,9 %) progresse également, en dépit d’un recul du nombre de romans traduits, mais grâce à des hausses en arts, BD et poésie. La progression des langues scandinaves n’est plus due au polar, désormais en retrait, mais à l’éveil pour la jeunesse, à la BD et à la poésie. Le regain des traductions du chinois s’explique, lui, par la littérature et la peinture.
Un nouveau record pour les romans.
Toutes langues confondues, le roman reste plus que jamais le secteur le plus consommateur de traductions, avec 3 961 nouveaux titres l’an dernier (+ 9 %), soit 34 % du total des traductions. 42,4 % des 9 331 romans produits en France en 2013 sont des traductions - un nouveau record -, contre 41,7 % en 2012 et 41 % en 2011. Dans ce domaine, la domination de l’anglais est encore plus forte, avec plus de deux romans traduits sur trois (67,7 %) issus de la langue anglaise, suivie à égalité par les langues scandinaves, l’allemand et l’espagnol (4,3 % chaque), puis par l’italien (3,4 %) et le russe (1,6 %).
L’an dernier, les traductions ont aussi augmenté plus que la moyenne en bande dessinée et mangas (+ 12,8 %), où elles représentent au total 36,8 % de la production du secteur, le plus traducteur après la littérature. La part de la bande dessinée dans l’ensemble des traductions grimpe de 13,9 % à 15,3 % à un an d’intervalle. Celle des arts se hisse de 6,1 % à 6,8 %, du fait d’une forte hausse du nombre de traductions sur la plupart des segments (ouvrages généralistes, architecture, peinture, photographie, artisanat d’art et activités créatrices) ; celle de la poésie et du théâtre de 2,4 % à 2,7 %.
Déjà en très forte hausse en 2012, le nombre de traductions continue d’augmenter (+ 10,7 %) dans le secteur pourtant traditionnellement peu traducteur de la cuisine et de la gastronomie : les livres traduits représentent, en 2013, 8,2 % des nouveautés et nouvelles éditions de l’année dans ce secteur, contre 6,9 % un an plus tôt et 4,2 % en 2011. De même en tourisme, les traductions augmentent de 7,8 % d’une année sur l’autre, et elles représentent pour 2013 7,2 % des nouveaux titres, contre 6,5 % un an plus tôt.
Recul des traductions en jeunesse.
La jeunesse voit en revanche sa part dans les traductions reculer de 18,3 % à 15,8 %. Seuls 17,5 % des ouvrages jeunesse parus en 2013 sont traduits, contre 20,8 % un an plus tôt. De même, à un an d’intervalle, parmi l’ensemble des nouvelles traductions, la part des sciences humaines et sociales recule de 14,6 % à 13,7 % ; celle du pratique de 4,6 % à 4,3 %. Le nombre de traductions marque aussi le pas en philosophie, en ésotérisme, en parapsychologie et en occultisme comme en médecine, en santé ou encore en musique. < F. P.
(1) Voir LH 985, du 14.2.2014, p. 14-15.
Les traductions par langues
Si leur nombre total reste modeste, les traductions du chinois font un bond en 2013 (+ 55 %). L’anglais (+ 5 %), l’espagnol (+ 12 %), le japonais (+ 9 %) et les langues scandinaves (+ 7 %) progressent également, au détriment de l’allemand, du coréen, de l’italien, du néerlandais, du portugais, du polonais et des "autres langues". En revanche, dans le secteur du roman, les traductions de l’allemand, de l’italien, du coréen, du néerlandais ou encore du russe croissent aussi bien que celles de l’anglais et du chinois.
Patrick Deville : "Les Français sont friands de littérature étrangère"
L’auteur de Peste & choléra, prix Femina 2012, est un citoyen du monde. A la tête de la Maison des écrivains étrangers et des traducteurs, le romancier voit dans l’abondance des traductions un effet de la curiosité atypique des lecteurs français.
Livres Hebdo - 3 961 romans parus l’an dernier sont des traductions, soit une hausse de 9 %. Pourquoi traduit-on autant dans l’Hexagone ?
Meet : www.meetingsaintnazaire.com
(1) Patrick Deville parle l’anglais, l’espagnol et l’allemand.