7 mai > Littérature France

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Voici un ouvrage qui n’a « ni début ni fin. Pas de forme bien arrêtée non plus », comme l’indique sans ambages son auteur en ouverture. Dans la collection bleue de Grasset, Patrick Mauriès signe aujourd’hui Fragments d’une forêt, premier volet d’une série intitulée Disparates. L’éditeur et écrivain y propose une entreprise littéraire « qui n’offre que suggestions ou rudiments, se contentant de proposer ou de supposer, attendant du lecteur pour ainsi dire un supplément d’enquête ».

Lequel lecteur découvrira là un beau mélange de références, de citations, d’érudition et de curiosité. Des choses vues et des portraits. Des esquisses et des analyses. Il est ici question d’une mouche fatale. De la quasi-disparition du collectionneur d’art ou d’une femme « supérieurement ingresque » croisée un jour dans un restaurant. Mauriès aime écrire au café. Sillonne les rues de Paris, voyage à Milan ou à Nice, relevant au passage que l’aubergine est désormais la couleur « hégémonique » de certains hôtels haut de gamme de Londres ou Francfort.

Sous sa plume, on en apprend plus sur d’imposantes figures des lettres ou des arts. Et l’on croise ainsi Maurice Blanchot, « immatériel oracle de la littérature » ; Olivier Larronde, le prodige ; Federico Zeri, dont l’immense villa était « comble » de livres et dont la passion était de « retrouver ». Ou encore un autre éminent Italien, Giorgio Manganelli, avec son physique clownesque, qui estimait que « manger est un rite religieux, un rite sacré », et avait même cessé de voir un important éditeur qui avait osé picorer dans son assiette !

« Je demande seulement qu’on porte un jour à mon crédit la passion exclusive, et coûteuse, du singulier qui fut la mienne (ou du moins que, n’ayant pas eu le choix, je me sois aveuglément dédié à ce petit biais) », note subrepticement Patrick Mauriès. Un Mauriès dont le premier essai, Second manifeste camp (Seuil, 1979), a justement était réédité il y a peu par L’Editeur singulier. On ne se refait pas ! Al. F.

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