Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint

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Et la nouvelle ministre de la Culture est… Aurélie Filippetti. Après avoir contribué, en deuxième position sur la liste, à conserver au Parti socialiste la mairie de Metz, celle-ci garde le portefeuille de la Culture et de la Communication, et donc celui du livre, dans le nouveau gouvernement Valls. Et cela tombe bien alors que s’ouvre ce vendredi 4 avril à Paris, avec 20 ministres et 2 commissaires européens, le Forum de Chaillot, "Avenir de la culture, avenir de l’Europe", qu’elle a initié pour valoriser les enjeux culturels dans la campagne qui s’ouvre en vue de l’élection du Parlement européen fin mai.

Près de cinquante ans après le célèbre emportement télévisé du général de Gaulle, ils sont bien peu ceux qui sautent encore "comme un cabri", pour reprendre sa formule, en s’écriant "L’Europe, l’Europe, l’Europe". Ou s’ils le font, c’est désormais plus pour la dénigrer que pour l’invoquer. Dans l’univers du livre aussi, Bruxelles n’a pas bonne presse. La Commission européenne a longtemps guerroyé contre le prix unique du livre, résiste à l’alignement du taux de la TVA du livre numérique sur celui du livre imprimé, s’attaque mollement aux manœuvres de contournement fiscal des multinationales américaines, ou encore envisage des remises en cause du droit d’auteur pour leur complaire. Le prochain scrutin européen ne pourrait-il pas être l’occasion d’inverser la perspective ?

Pour institutionnelle qu’elle soit - et elle l’est -, l’initiative du Forum de Chaillot a le mérite de tenter de redonner du sens à un projet européen qui se perd dans les méandres bureaucratiques des 28 pays membres. Et celle des Rencontres des organismes européens du livre, organisées par le CNL, de dessiner les axes autour desquels développer l’Europe du livre. Le monde du livre est de longue date confronté à la mondialisation à travers les coéditions et les échanges de droits internationaux, et toujours plus avec les concentrations dans l’édition et la distribution. Il est bien placé pour savoir l’impérieuse nécessité de redonner à l’Europe un contenu positif, au service de la création et de la diversité éditoriale, plutôt qu’elle ne s’occupe à les priver des moyens de leur épanouissement.

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