Alors que Noël s’annonçait sous de bons auspices, la librairie souffre, depuis les attentats du 13 novembre, d’une baisse de fréquentation de - 5 % à - 25 % selon les points de vente, d’après les estimations de Livres Hebdo. "Même si les situations sont variées en fonction des lieux et du type de librairie, la baisse est significative pour toutes, comme pour le commerce en général", observe Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française, pour qui la désaffection de la clientèle touche les centres-villes comme les centres commerciaux. "Nous avons perdu les promeneurs, ceux qui flânent sans intention d’achat au départ. En outre, les gens ne s’éternisent pas dans les magasins et, dès que la nuit tombe, ils s’en vont", constate de son côté Giuseppa Ferrara, coordonnatrice du réseau Libraires ensemble, principalement implanté en province. Elle note tout de même un léger regain d’activité samedi 21 novembre.
Dans le centre commercial Art de vivre d’Eragny, dans le Val-d’Oise, Erik Vautrin, directeur du Grand Cercle, a perdu 10 à 15 % de ses clients, malgré les mesures de renforcement de la sécurité destinées à rassurer la clientèle. "Nous ne sommes pourtant pas un gros centre commercial ni une enseigne nationale, fait valoir le libraire. Mais une sorte de psychose est bien là." Pour la contrer, il a notamment demandé à ses salariés de mettre en avant une offre anti-sinistrose.
A Paris intra-muros, la baisse peut aller jusqu’à - 25 %, comme chez Gibert Joseph qui a fermé son magasin du boulevard Saint-Michel le 14 novembre après-midi. Egalement touchée par des fermetures, la Fnac, dont bon nombre de points de vente sont installés dans des centres commerciaux, préfère "ne donner aucune analyse pour le moment. Il est trop tôt", précise Alexandre Pierre au service de communication. Dans tous les cas, "le chiffre perdu est très difficilement rattrapable", estime Brigitte de Meeûs, directrice de Tropismes, à Bruxelles, qui a fermé son magasin le 21 novembre suite à l’état d’alerte maximale décrété dans la capitale belge, et qui fait face depuis à la même désaffection. Disposant de peu de moyens d’action, les libraires, belges comme français, comptent toutefois sur les fêtes de fin d’année pour faire revenir les clients en magasin. "Les gens auront peut-être envie de se changer les idées en privilégiant Noël", espère Guillaume Husson.
Cécile Charonnat