Le libraire syrien Georges Saïd a été décoré, le 22 mars au Centre national du livre, de l’insigne de chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres. A la tête depuis 1980 de la librairie francophone Saïd, créée en 1960 par son père à Alep et développée en 2008 avec l’ouverture d’un second point de vente, il est devenu, dans un pays à feu et à sang, un symbole de résistance et de courage. S’il a dû fermer en 2014 la librairie historique, située dans un quartier devenu trop dangereux, et s’il s’est lui-même installé depuis peu en France, il maintient ouvert son second magasin même avec une activité extrèmement réduite. Entre le départ de la clientèle francophone et l’absence de transport avec la France, la vente de livres en français, qui représentait aux belles heures plus de 50 % du chiffre d’affaires, est aujourd’hui quasi inexistante. Toutefois, la librairie Saïd continue au moins à proposer des livres en arabe et de la papeterie. Concevant son métier comme une mission humanitaire bien plus que comme un projet commercial, Georges Saïd, ingénieur de formation, passionné depuis l’enfance par les livres, compare aujourd’hui sa librairie à "une bougie qui combat l’obscurantisme de la guerre" et apporte, autant que faire se peut, "un soutien et un espoir aux habitants d’Alep". Lui-même espère pouvoir un jour reprendre sa place dans son pays et sa ville.

Clarisse Normand