Le 3 décembre 2008, dans un article paru dans le Los Angeles Times , Alana Semuels nous avertissait : les bibliothèques (les libraries) américaines doivent affronter une nette augmentation du nombre des emprunteurs qui, face à la crise qui affecte leur pouvoir d’achat, ne peuvent s’offrir de livres mais souhaitent continuer de lire. La fréquentation de la bibliothèque publique de Los Angeles vient d’atteindre un record, avec une hausse de 12% du nombre des visiteurs. A celle de San Francisco, le nombre des objets empruntés (livres et CDs) s’est accru de 12% par rapport à l’an passé. Celle de Chicago aurait dépassé les 35% de croissance, et la New York Public Library aurait vu ses consultations croître de 11%; il est vrai qu’elle a étendu ses horaires d’ouverture. Bref, les Américains fuiraient en partie leurs librairies pour reprendre le chemin des bibliothèques. La crise ne fait donc pas moins lire. Au contraire. Et cela pour deux raisons au moins. D’une part, les sorties sont moins fréquentes, et le temps ainsi retrouvé favorise le goût de la lecture. D’autre part, la crise crée des curiosités nouvelles, une envie de comprendre et d’apprendre qui complète celle de se distraire. Mais la crise affecte les comportements et conduit à la substitution de l’emprunt à l’achat. Inquiétude ou constat que les moyens manquent, il y a sans doute un peu des deux dans des réflexes qui consistent de même à préférer échanger des livres sur des sites comme PaperBackSwap.com plutôt que de les acheter. Le site aurait vu son trafic augmenter de 25% en trois mois (il est vrai que l’on ne sait pas de quel niveau on partait). Bref : library ou librairie ? Espérons que la complémentarité prenne le pas sur la substitution. Cela dépendra des évolutions de la crise, mais aussi de la capacité du marché à contrer des réflexes nourris par une culture de la gratuité.
15.10 2013

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