Imprimeur devenu également spécialiste de la gestion de flux de données, Jouve a pris le contrôle de 75% du capital de la Safig, en redressement judiciaire, a annoncé le groupe dans un communiqué publié le 3 mai. Le rachat prend la forme d'un plan de continuation approuvé par le tribunal de commerce de Bobigny le 27 avril dernier.
Il passe par la reprise de 3CFinances, la holding de tête de la Safig, pour 2 millions d'euros, dont 1,5 million d'euros réglé par Jouve, le solde étant apporté par les actionnaires actuel de l'entreprise qui restent au nouveau tour de table : 21 Centrale Partners, BNP Paribas Développement et la famille Guénin.
Egalement spécialiste du traitement automatisé de données, dont les chèques pour le compte des banques, la Safig réalise aussi une part importante de son activité dans la numérisation de contenus, pour les entreprises et les institutions. En 2007, elle avait remporté face à Jouve le premier marché de numérisation de masse lancé par la Bibliothèque nationale de France, et subventionné par le Centre national du livre, à hauteur d'environ 7 millions d'euros par an, sur trois ans.
«La Safig terminera à la fin de l'année ce programme de numérisation de 100 000 ouvrages», confirme Benoît Drigny, directeur des activités de numérisation chez Jouve, qui devient président de la nouvelle filiale. Dans la cadre de ce projet, Jouve avait numérisé pour le compte de la BNF une tranche de 30 000 ouvrages en 2008, et avait également traité en fichiers textes le premier fonds de Gallica 1, qui n'était qu'en mode image. Le groupe vient de remporter un nouveau marché du même type ouvert par la BNF, indique Benoît Drigny.
Le nouvel ensemble représente un volume d'affaires de 143 millions d'euros
A l'origine imprimeur, notamment de livres et de magazines, dont Livres Hebdo, Jouve a fait évoluer son activité vers le traitement et la numérisation, notamment pour le compte de grandes entreprises et institutions. Il emploie 1 429 personnes, en France mais également en Europe, en Asie, en Afrique et aux Etats-Unis,. Il s'est entre autres spécialisé dans l'adaptation des contenus éditoriaux aux nouveaux lecteurs numériques, son principal marché étant actuellement outre-Atlantique. Jouve est contrôlé par le groupe Les Petites affiches, qui possède également le groupe d'édition juridique Lextenso (LGDJ-Montchrétien, Joly, Gualino).
La Safig était endettée à hauteur d'une cinquantaine de millions d'euros, notamment en raison de rachats successifs (LBO) à base d'emprunts par le management et des investisseurs financiers. Les pertes dépassaient 5 millions d'euros en 2009. Le plan de continuation était conditionné à un étalement des remboursements sur 10 ans, et à un abandon d'une partie des créances, dont celles de l'Etat. La Safig emploie 1 565 personnes, en France, à Madagascar et à l'île Maurice.
Le nouvel ensemble représente un volume d'affaires de 143 millions d'euros, selon le communiqué. La reprise n'entraînera pas de licenciement, selon l'engagement pris dans le plan de continuation.