Dans la ville de Rezé, aux portes de Nantes (Loire-Atlantique), la gare Pont-Rousseau accueille désormais officiellement une librairie indépendante au rez-de-chaussée et à l'étage, un espace de travail et d'activités géré par l'association « La voie est libre » rassemblant une trentaine de professionnels, de l'écriture à l'art en passant par l'insertion. Sur le long terme, l'intérêt de ce projet est d'installer « La petite gare » dans le paysage des acteurs culturels de la métropole nantaise.
« C'est la première librairie qui s'installe dans un territoire de la SNCF et la première indépendante de la ville », explique Carole Dolcini, libraire et cogérante. Avec Nolwenn Gandon, elles accueillent depuis le 5 juillet leur public du mardi au samedi de 10 h à 19 h. Au sein des 60 m2 de cette librairie généraliste, un important rayon est consacré aux essais, avec un tropisme pour le féminisme et l'écologie. De la littérature francophone à l'étrangère, en passant par les romans graphiques et les mangas, au moins 5 000 références ont trouvé leur place dans la librairie de La petite gare. Pour s'installer dans ces lieux où travaillent toujours d'un côté les aiguilleurs de la SNCF, les deux libraires ont signé une convention d'occupation temporaire pour dix ans. Elles louent leur espace au collectif « La voie est libre », lui-même locataire de la SNCF après signature d'une convention de dix années également.
Un projet d'occupation mixte
L'entreprise ferroviaire française a lancé en 2021 un appel à projets pour réinvestir cette gare cent-cinquantenaire. Il a été remporté en février de la même année par trois rezéennes : Juliette Munier, Agathe Perina et Aurélia Ringard. Pour porter cette ambition de transformation, Juliette Munier a constitué « La voie est libre » regroupant scénaristes, journalistes, professionnels du théâtre et de l'insertion, etc. Le but est de faire vivre des projets culturels à destination du quartier du Pont Rousseau dans cet établissement ferroviaire . « La salle de spectacle de la Soufflerie, la médiathèque Diderot, l'école de musique et de danse, maintenant La petite Gare, cette ville de 47 000 habitants qui a toujours été ouvrière, le dortoir de Nantes, commence à trouver sa propre identité », énumère Anaïs Guilleminot, membre du collectif « La voie est libre » et résidente du tiers-lieu.
L'étage de « La petite Gare » est constitué d'un espace de travail partagé, mais aussi d'une mezzanine qui peut être louée. A disposition des membres de la « La voie est libre » ont été installés seize postes de travail. « On vise à ce que ce lieu grand de 115 m2 soit ouvert sur la ville en organisant des ateliers d'écriture, des événements autour des mots », raconte Anaïs Guilleminot, responsable de développement et de diffusion dans le spectacle vivant. Une programmation est prévue pour 2024 : ateliers de BD, de philosophie jeunesse, temps d'échanges, rencontres avec des auteurs, etc.
Des lieux communs pour mettre en avant l'écriture
C'est l'écrivaine anglaise Hollie McNish qui a été la première reçue à la librairie à l'occasion de l'inauguration officielle le 15 septembre. Installée à côté d'une clinique, jouxtant la voie de tram et celle du chemin de fer, avec 500 passages quotidiens, « nous sommes entre le croisement d'une librairie de quartier et d'un lieu de passage, nous sommes heureuses et fières », s'enthousiasme Carole Dolcini. La prochaine rencontre annoncée concernera Blandine Rinkel le 12 octobre autour de Vers la violence (Fayard, 2022). Enfant de Rezé, elle est aussi marraine de la librairie en compagnie de l'illustratrice nantaise jeunesse Aurore Petit.