Au début, on se frotte les yeux. A-t-on bien lu ? « Tout commence le jour où, sentant une moiteur inhabituelle entre vos jambes, vous allez aux toilettes [...]. C'est quoi cette tache rouge ? » Ce livre, inimaginable il y a encore dix ans, n'y va pas par quatre chemins. Il appelle un chat un chat, mais toujours avec un humour confondant de naturel. Par exemple, la jeune narratrice qui découvre la déconvenue des premières règles ajoute que, un malheur n'arrivant jamais seul, elle est dans un café paumé de campagne pour fêter les 80 ans de Mamie ! Ce livre documentaire n'éprouve pas la moindre honte à dessiner et à écrire le sang menstruel. Le mot apparaît à chaque page, illustré d'une tache ou de gouttes rouges, ou même d'un tampon imbibé. Même pas peur !
Normal, c'est justement la honte liée aux menstrues que l'auteure veut terrasser. Tout est décrit le plus simplement du monde : l'inconfort lié à la perte de sang, les douleurs prémenstruelles et la déprime carabinée qui les accompagne. Pour ce qu'en disent les hommes, de l'Antiquité à nos jours, c'est un bêtisier savoureux.
Quant aux petites et grandes mythologies liées aux règles qui rendent la femme « impure » et donc infréquentable, on aura tout entendu ! Reproduction d'un texte de l'Ancien Testament lévitique à l'appui, et aussi dessin d'une « cabane de menstruation » au Népal, où les femmes sont priées de s'isoler. Le livre s'en prend même aux fabricants de boîtes de tampons : pourquoi est-ce écrit en bleu, alors que le rouge est si beau ? Saignant !
C'est beau, le rouge Traduit de l’espagnol par Catherine Lemieux
La Martinière Jeunesse
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 12,9 € ; 96 p.
ISBN: 9782732497259