Pour la première fois, le cow-boy qui tire plus vite que son ombre et ne machouille plus qu'un brin d'herbe, s'aventure en Louisiane. Accueilli par les planteurs blancs comme l’un des leurs, Lucky Luke va devoir se battre pour redistribuer son héritage aux fermiers noirs. Dans cette lutte contre les puissants de la région, qui vont faire naître le Ku-Klux-Klan, et contre la ségrégation raciale, il va être, contre toute attente, épaulé par les Dalton, pourtant venus pour l’éliminer, et par les Cajuns du bayou, ces Blancs francophones laissés-pour-compte de la prospérité du Sud.
Mais ce sera seulement grâce à l’aide d’une étonnante figure du Far West qu’il réussira à rétablir la justice : un héros nommé Bass Reeves (1838-1910), authentique personnage entré dans l’Histoire, fils d'esclave, et premier Noir nommé shérif adjoint à l’ouest du Mississippi (en Arkansas et en Oklahoma). Il fut l’une des meilleures gâchettes de son temps et compte à son actif l'arrestation de plus de 3000 criminels.
Un récit qui tombe à pic
"Les histoires de Lucky Luke sont censées se dérouler durant la guerre de Sécession, et au-delà, pourtant jamais les Afro-Américains ne sont représentés dans les albums, sauf de manière marginale", a expliqué Jul, à l'AFP. "Il a été conçu bien avant le décès de George Floyd", a précisé l'auteur, faisant référéence au récent meurtre en pleine rue d'un afro-américain de Minneapolis par un policier, entraînant depuis un mois des manifestations anti-racistes dans le monde entier.
Au fil des 80 albums de la série, les Noirs ont fait des apparitions sporadiques, souvent sans parole (majordomes, ouvriers), mais n'ont jamais eu de premier rôle. Les esclaves y sont, de fait peu représentés. On sait malgré tout que le mercenaire au bandana rouge est proche d'Abraham Lincoln, plusieurs fois dessiné dans ses aventures et président qui a abolit l'esclavage.
Créé par Morris en 1946, scénarisé par René Goscinny à partir du milieu des années 1950, les albums de Lucky Luke se sont vendus à 300 millions d'exemplaires, traduits en 29 langues.