L'ultime voyage de Michel Polac

Michel Polac

L'ultime voyage de Michel Polac

Journaliste, écrivain, critique, réalisateur et producteur de radio-télévision, Polac "faisait des émissions, d'actualité ou littéraires, auxquelles il aurait aimé être invité" selon Bernard Pivot.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 20h04

Michel Polac, figure médiatique populaire, journaliste, écrivain, réalisateur, critique et producteur de radio-télévision, s'est éteint mardi à l'âge de 82 ans a-t-on appris de sa famille, en fin de journée. Selon elle, Michel Polac est mort "d'épuisement après plusieurs maladies".

Né à Paris en 1930, il fait ses débuts comme producteur et animateur en 1951 à la Radiodiffusion télévision française (RTF) devenue ORTF.

Audiovisuel

Au cours d'une longue carrière, il a été présentateur de plusieurs émissions littéraires à la télévision et a notamment créé en 1955 "Le Masque et la Plume", consacrée aux livres, au théâtre et au cinéma, qu'il a animée jusqu'en 1970. A la télévision, il anime "Bibliothèque de poche", de 1966 à 1970, émission consacrée au livre de poche, et "Post-scriptum" en 1970.

Pour Bernard Pivot, "le secret de Michel Polac, c'est qu'il faisait des émissions, d'actualité ou littéraires, auxquelles il aurait aimé être invité".

Il revient sur le petit écran avec l'émission polémiste "Droit de réponse" en 1981, sur TF1. Elle reste dans les mémoires pour ses soirées particulièrement animées, frisant parfois le pugilat. Il en est renvoyé de TF1, après la privatisation de la chaîne en 1987, à la suite d'une ultime édition de "Droit de réponse" où le dessinateur Cabu illustrait une critique offensante à l'égard de l'actionnaire de la chaîne.

Presse écrite

Michel Polac est parallèlement critique dramatique et chroniqueur au journal Arts (1953-64), puis critique littéraire à l'Express.

Pendant dix ans il chronique à L'Evénement du Jeudi. Collaborateur de France Inter jusqu'en 2005, il tenait, depuis 1997, aussi une rubrique régulière dans Charlie Hebdo.

Durant une saison, il a participé comme chroniqueur à l'émission de Laurent Ruquier "On n'est pas couché", sur France 2. "Je lui dois une grosse partie du succès d'ONPC. Il était le gage de la liberté d'expression", a écrit l'animateur sur Twitter.

Homme de lettres

"Authentique pionnier de la télévision" et "au sens le plus fort et le plus beau du terme, un homme de lettres" selon l'hommage d'Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la communication, il était l'auteur de plusieurs romans et essais.

Michel Polac a notamment publié Une vie Incertaine (1956, réédité par Gingko en 2007), premier roman écrit à l'âge de 22 ans dont l'intrigue est inspirée d'un cambriolage qu'il avait commis à 17 ans.

En 2000, des extraits de son journal intime couvrant la période 1980-1998 ont été compilés dans Journal 1980-1998 (PUF).

Il a également publié Maman, pourquoi m'as-tu laissé tomber de ton ventre ? (Flammarion), ça ne peut pas durer (Julliard), La luxure : fragments d'un autoportrait en luxurieux (Textuel). Il a aussi rédigé une postface à J'accuse ! d'Emile Zola (Mille et une nuits) et participé à Brassens : une mauvaise réputation (Consart, 2011).

Il a réalisé plusieurs films et téléfilms dont Un fils unique (prix Georges Sadoul 1970), dont le scénario a été édité par L'Avant-Scène, ainsi que des documentaires, dont l'un consacré à Louis-Ferdinand Céline, D'une Céline l'autre, coréalisé avec Yannick Bellon.

L'animateur actuel du "Masque et la Plume", Jérôme Garcin, a raconté sur France Inter que Michel Polac avait écrit son épitaphe: "Touche-à-tout, il a fini par toucher terre. Ca, c'était Polac", a-t-il dit.

Michel Polac avait signé un appel à mourir dans la dignité publié par France-Soir en janvier 1999 ; il considérait que "mourir digne, cela me semble juste. Je ne supporterais pas de partir réduit. Le souvenir que l'on laisse, c'est son empreinte. Un homme a le droit de vouloir laisser une empreinte digne."

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