13 mai > Essai France

Qui se serait attendu à ce que Philippe Sollers, écrivain français et "libertin", grand lecteur de Casanova et de Bataille, et Julia Kristeva, philologue, psychanalyste et féministe d’origine bulgare, tressent des lauriers à cette bonne vieille institution qu’est le mariage ?

Et pourtant… Du mariage considéré comme un des beaux-arts est bien une manière d’éloge, qui réunit quatre dialogues s’étalant de 1990 à 2004 : interview publiée dans le Nouvel Observateur ou intervention publique au cercle Bernard-Lazare de Paris. Les faits parlent d’eux-mêmes : le fondateur de la revue Tel quel et la théoricienne de l’intertextualité se sont mariés en 1967, bientôt les noces d’or ! Kristeva et Sollers, chacun à sa singulière manière, définissent ici la notion de mariage qui n’est pas l’idée du "couple" - "je n’ai jamais pu le supporter", insiste Sollers, avant de donner sa vision de la vie commune : "L’amour c’est la pleine reconnaissance de l’autre en tant qu’autre."

Kristeva, si elle ose le vocable, rejoint son mari sur le fond : "Nous avons préservé deux espaces sociaux distincts, deux espaces psychiques autonomes et séparés, qui ne se confondent pas mais ont quelque chose à se dire… Un couple ? Certainement, mais… deux en un,unité dédoublée, yin et yang peut-être" Fidélité-infidélité, langage, bisexualité, Nietzsche, au-delà du sujet de la conjugalité, ces deux âmes complices abordent dans cette conversation leurs thèmes de prédilection, racontent leur enfance. Sollers y livre même un secret : "Il ne faut pas trop le dire, mais en fait, c’est vrai, l’amour consiste à faire de la magie. Blanche, bien sûr : si on la fait noire, c’est terrible. Ça existe : il y a les fées et les sorcières. Je préfère les fées." S. J. R.

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