Auto-édition collective
"Sur les 200 nouveaux projets que je reçois par an, je n'en publie que trois à cinq maximum", a d'abord rappelé Cédric Illand, éditeur chez Glénat. "L'édition traditionnelle sort 5 000 titres de bande dessinée par an —nouveautés et rééditions comprises— et le nombre d'auteurs continue d'augmenter. On ne peut pas demander aux éditeurs d'éditer tout le monde et de bien payer tout le monde. On doit donc être créatif dans la manière de publier", estime Olivier Jouvray. Cet auteur lyonnais a créé l'association Epicerie Séquentielle qui a mis en place un "système d'auto-édition collectif et bénévole". En clair, les 65 auteurs membres de l'association se répartissent les tâches éditoriales ou promotionnelles.
Avec cette formule, Epicerie Séquentielle édite aussi, depuis 2015, la revue mensuelle La rue de Lyon. Avec 42 numéros au compteur, la revue s'est écoulée au total à 150 000 exemplaires en trois ans. Vendue à 3 euros, elle reverse, en droits d'auteur, un tiers de son prix de vente à ses collaborateurs. Si le modèle de l'Epicerie Séquentielle tend à se multiplier dans plusieurs villes de France —comme à Amiens ou à Brest—, il reste encore une exception.
Financement participatif
Avec "plus de 400 campagnes lancées en quatre ans et un taux de succès de 80 %", le financement participatif semble, à en croire Jean-Samuel Kriegk, spécialiste BD chez Kiss Kiss Bank Bank, de plus en plus séduire les auteurs du 9e art qui veulent percer en passant par l'auto-édition. Une collecte réussie peut, en effet, permettre d'obtenir une avance sur droit ou encore de financer les frais d'impression. Le tout en créant une communauté de lecteurs-donateurs autour de l'œuvre.
Des solutions alternatives que l'édition traditionnelle observe avec intérêt, comme Cédric Illand qui note que "ces parallèles peuvent attirer des personnes qui ne lisent pas de bande dessinée et ouvrent des perspectives" pour un marché où "chaque projet est un pari".