La semaine prochaine, Francfort : l'Islande à l'honneur, les idées de nouveaux relais de croissance, tels en Allemagne les shows d'auteurs que nous évoquons dans ces pages, la Chine en mutation et les Brics en plein essor, des dizaines de milliers de rendez-vous professionnels et, peut-être, une nouvelle image de l'édition française, désormais quasi prête pour l'envol du livre numérique. Nous avions en effet le Bookeen et le Sony Reader, le Fnacbook et le Oyo et même, sur le front des tablettes, l'iPad d'Apple... Mais c'est finalement le Kindle qui pourrait faire entrer l'édition française de plain-pied dans l'ère numérique, l'"allumer", l'"enflammer", pour reprendre le sens du mot, onze ans après que l'ouverture d'Amazon.fr a lancé la vente en ligne dans l'Hexagone.
Aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni, la liseuse d'Amazon a séduit en s'appuyant sur une offre éditoriale étendue aux prix très attrayants. Mais c'est la puissance de feu du premier libraire en ligne qui a vraiment convaincu. Face à une technologie nouvelle dont ils devaient essuyer les plâtres, les clients du groupe américain ont été rassurés et incités à sauter le pas par un service global d'avant et d'après-vente, intégrant le support et les contenus de lecture, et les conseils y afférents.
Les éditeurs français ne s'y trompent pas, qui se sont efforcés de trouver avec Amazon des options contractuelles compatibles avec la maîtrise de leurs droits, de leurs fichiers et de leurs prix de vente publics. L'essor du marché du livre numérique en France reste encore suspendu à quelques inconnues : la volonté des éditeurs d'accélérer le développement de leur catalogue numérique, l'engagement des auteurs, l'attractivité des prix pratiqués, les conditions d'application de la baisse de la TVA sur le livre numérique, promise par la loi au 1er janvier 2012 mais confrontée aux réticences de Bruxelles... Cependant, l'offensive d'Amazon, complétée par le lancement attendu d'une nouvelle liseuse de la Fnac et de celle du canadien Kobo, annonce d'ores et déjà un bouleversement historique. Après les années de balbutiements, le décollage, c'est pour maintenant.
