Avant-critique Récit

Margaux Cassan, "Vivre nu" (Grasset)

Margaux Cassan, autrice de Vivre Nu à Montmorency le 31 Octobre 2022 - Margaux Cassan, - Photo © Roberto Frankenberg

Margaux Cassan, "Vivre nu" (Grasset)

Autrice en 2021 d'un essai sur la pensée de Paul Ricœur, Margaux Cassan livre dans Vivre nu un récit à la fois personnel et documentaire sur le naturisme.

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Par Marie Fouquet
Créé le 02.04.2023 à 11h00 ,
Mis à jour le 02.04.2023 à 19h08

Pour une vie simple. Vivre nu est une exploration nostalgique et sérieuse du naturisme, puisant dans l'histoire personnelle de l'autrice. « Nous sommes ce que vous appelez communément les "naturistes", ces quelque deux millions de Français et demi qui adoptons, localement et ponctuellement, un style de vie qui se rapproche de "la nature". » Chaque été depuis son plus jeune âge, Margaux Cassan quitte la capitale pour rejoindre sa famille à Bélézy, dans un domaine naturiste au cœur de la Provence. Oncles, tantes, cousins s'y retrouvent entièrement nus et vivent ainsi quelques semaines de liberté, où « la nudité est devenue [un] moyen d'expression, [un] dernier cri. » L'autrice décrit son attachement à ces souvenirs d'enfance et d'adolescence, une expérience sans laquelle son rapport aux corps serait sans doute bien plus complexé. Ainsi va-t-elle explicitement à l'encontre de la pensée de Dolto, selon laquelle la nudité des parents serait à réserver à leur intimité sexuelle et donc à cacher de leurs enfants : « La question de l'inévitable traumatisme, le procès en indécence, le sous-entendu de l'inceste, tout cela me paraît hors de propos », écrit-elle. Margaux Cassan préfère parler de « juste exposition », comparant son lien à l'écriture à celui qu'elle entretient avec son corps : « En écrivant pour les autres [...], je cherche la juste exposition. [...] Le naturisme partage cela : un mélange entre une désarmante impudeur et un camouflage redoutable. »

Margaux Cassan retrace les origines multiples et méconnues des regroupements naturistes. Des anarchistes, des catholiques, ou encore des médecins, pour lesquels le naturisme n'allait pas sans certaines pratiques alimentaires comme le jeûne ou l'abandon des « aliments meurtriers » - tabac, alcool, sucre et viande. Loin du voyeurisme et de l'exhibitionnisme auxquels il est parfois réduit, le naturisme est ici présenté comme est un véritable mode de vie, celui d'une « vie simple », c'est-à-dire d'une « vie choisie ». Or le récent rachat de Bélézy par un grand groupe qui a chassé les naturistes signe pour l'autrice la fin d'un temps où « jouer de la musique et vivre nu [est une] forme de vie, [une] réforme de vie ». Plus qu'un témoignage, Vivre nu est un véritable hommage à ce mouvement.

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