Une disparition. Trois femmes sont convoquées dans un commissariat deux ans après la disparition de Thomas. Claire, sa femme, ex-prof devenue vigneronne avec laquelle il s'était installé avec leurs deux enfants dans la ferme des parents de Claire près de Tours ; Hélène, ancienne amie de la fac, qui était proche de Thomas lorsqu'il disparut ; et Joan, Américaine anar et sans papiers, aussi rencontrée à l'université pendant les mouvements de grève et les manifestations de l'époque. « Le droit de disparaître. C'est assez beau non ? Une de ces petites bulles poétiques de la loi », ironise Claire pendant l'interrogatoire.

Dans ce roman choral, Marie-Ève Lacasse compose une histoire profondément contemporaine. Celle de trois femmes qui se retrouvent après des années de séparation et qui veulent renouer avec leurs idéaux : construire une communauté autonome. Cela faisait vingt ans que Claire et Thomas étaient mariés, et depuis, Claire n'était plus l'insurgée qu'avaient connue Hélène et Joan au temps de l'université. Elle était devenue conventionnelle, soumise aux désirs de son homme et avait des rêves de ménagère. La seule décision qu'elle ait prise pour sa famille contre la volonté de Thomas, c'était de déménager à la campagne et de devenir paysanne. Puis il est parti sans crier gare.

Leurs trois déclarations prennent rapidement la forme de confessions, qui, au-delà des histoires personnelles et des souvenirs isolés du passé, brossent le portrait d'une génération en rupture avec l'ordre établi et avec l'idée d'un progrès flirtant constamment avec le washing, qu'il soit green ou social.