Polémique

Marie-Hélène Lafon "consciente des enjeux éthiques" du Renaudot

Marie-Hélène Lafon, Georges-Olivier Châteaureynaud, Dominique Bona - Photo Olivier Dion

Marie-Hélène Lafon "consciente des enjeux éthiques" du Renaudot

La lauréate 2020 a réagi aux polémiques qui entourent le jury du prix, accusé de conflits d’intérêt et entaché par l’affaire Matzneff.
 
 

Par Isabel Contreras,
Créé le 30.11.2020 à 20h50

« J’essaie de faire en sorte que la joie qui accompagne ce prix ne soit pas gâchée » par les polémiques qui l’entourent, a réagi lundi 30 novembre Marie-Hélène Lafon, lauréate du prix Renaudot 2020 pour Histoire du fils (Buchet-Chastel).

 « J'ai bien conscience qu'il y a des enjeux éthiques qui sont à l'œuvre derrière tout ça, a-t-elle déclaré à Livres Hebdo et l’AFP, partenaires de la proclamation du prix 2020. La position est périlleuse, nous sommes des équilibristes, nous marchons sur des cordes raides. »

Le jury du prix Renaudot est accusé de complaisance dans l’affaire Matzneff pour avoir primé l'écrivain en 2013 dans la catégorie essai. Samedi, un article du New York Times  dénonçait plus largement les conflits d'intérêt manifestes dans les prix littéraires français.

Sous le feu des critiques

Durant la proclamation du prix, un collectif féministe a taggé un message d’insultes ("Renaudot prix du viol") à l’égard de cette récompense littéraire sur les murs du siège de Livres Hebdo, où avait lieu la cérémonie. "Je sais bien: en ce moment le Renaudot sert de bouc-émissaire, a estimé de son côté Dominique Bona, membre du jury. On accepte les critiques, on en tient compte, on en parlera. En revanche, qu'on reconnaisse aussi le travail qui est fait au Renaudot, qui est inspiré véritablement par l'amour que nous avons tous pour la littérature. C'est un prix d'écrivains."

L'auteure qui siège par ailleurs à l'Académie française s'est exprimée sur l'affaire Matzneff, éclatée après la parution du Consentement de Vanessa Springora."Je ne sous-estime pas cette affaire Matzneff, a-t-elle poursuivi. J'en ressens la violence, j'en assume, je pense que l'ensemble du jury assume, notre responsabilité dans cette histoire-là. Les conséquences de cette affaire ont été bien plus graves que ce que nous pensions".

Une position ambivalente

"Pour ma part je regrette vivement le mal que ce prix a pu entraîner, je regrette le mal que ça a pu faire à Vanessa Springora, je regrette la blessure infligée aux gens qui se battent pour les associations de défense de l'enfance a indiqué Dominique Bona. Et je regrette aussi le mal que cela a entraîné pour un écrivain qui s'est retrouvé au ban de la société, et victime d'une chasse à l'homme".

Le jury devrait coopter dans les prochains mois un nouveau membre, à la suite de la démission de Jérôme Garcin en mars. "Cette féminisation (du jury NDLR) va se faire cette année, certainement", a fait savoir l'académicienne.

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