C'est le 1er octobre 2017 que tout a commencé. Quand, sur la place Tian'anmen, un ingénieur du son chinois, spécialiste du reggae, qui avait même effectué un stage à Kingston, Jamaïque, dans les studios Tuffgang, un mois en 1980, où il avait croisé Bob Marley et sympathisé avec lui, et par ailleurs ferme contempteur du régime qui sévit dans son pays, reconnaît parfaitement la star et la prend en photos (floues). A partir de ce moment, le pape du reggae, mort en 1981, va réapparaître régulièrement, mais fugitivement, en différents endroits du globe, parfois même plusieurs fois par jour, près de Sydney, à Helsinki, à Gaza, en Auvergne au cours d'une messe célébrée par un prêtre togolais expert ès-rasta, et même à Marseille, lors d'un concert de Seun Kuti, le fils du grand Fela. Il kiffe, et partage un joint avec la jeune Nadia Saada, une étudiante en histoire, musulmane et athée, qui tombe instantanément amoureuse de lui.
Au fur et à mesure, ses apparitions passent de moins en moins inaperçues et, dans le monde actuel en panne de repères, toute une partie de l'opinion commence à voir en Marley le nouveau Messie, revenu sur terre pour sauver l'humanité, la planète, la paix. En hauts lieux, on commence même à s'inquiéter. Au Vatican, en particulier. A Paris, Marc Lamy, agent de renseignement à la Nonciature (sous le sulfureux nonce Ventura), un type bizarre, athée et subversif, alerte le Saint-Père en personne. Lequel décide d'organiser une rencontre entre eux, dans sa résidence d'été à Castel Gandolfo. L'affaire sera compliquée, mais François, imprévisible selon son habitude, saluera en Rasta Man le Messie, et démissionnera même de ses fonctions. Marley, lui, parade à l'ONU, et sera victime d'un attentat de Daech. Une seconde mort, en quelque sorte, dont il se remettra, afin de filer le parfait amour avec Nadia. Mais jusqu'à quand ? Et Bob est-il vraiment ressuscité, ou bien un ectoplasme provisoire ? On ne le saura pas exactement, le récit s'achevant sur une scène assez énigmatique.
De façon acrobatique, en multipliant les narrateurs à la première personne, dont Marley lui-même, Teodoro Gilabert a écrit un roman farfelu, une espèce de parabole sur le monde qui va mal, et les valeurs qui pourraient peut-être le sauver. Le reggae y est présent à chaque page, et vive Haïlé Sélassié, Jah Rastafari.
Resurrection song
Buchet-Chastel
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 16 euros ; 192 p.
ISBN: 9782283033159