Foire du livre de Brive 2024

Elle a marqué la rentrée littéraire avec son nouveau roman, Tenir debout, invitant le lecteur à s'installer dans la perspective du handicap, par le truchement d'un couple frappé par la paraplégie. François, percuté sur son scooter, et Éléonore, sa compagne, à qui l'on annonce qu'il ne remarchera plus jamais. Un récit, sans filtre, d'une seconde vie refaçonnée par les difficultés du quotidien et les douleurs, mais aussi un couple prêt à se briser comme une moelle épinière.

De l'autre côté, Mélissa Da Costa fait reparaître La Faiseuse d'étoiles. Roman court, édité au Livre de poche en 2022, pour soutenir l'Unicef. Le titre est habillé pour l'hiver en « conte de Noël », moyen format, chez Albin Michel. On est ici avec Arthur, un petit garçon à qui sa maman annonce, un soir, qu'elle est appelée pour une mission spéciale dans l'espace. On comprend vite que la « mission » est une maladie sans rémission. Un mal fatal, au nom jamais prononcé par des adultes « aux dents serrées ». La mère va choisir de le transformer en conte poétique pour dire la mort à son enfant, tel Saint-Exupéry avec son Petit Prince.

Les douleurs physiques du handicap, l'acceptation de la perte, sont les thèmes que la romancière de 34 ans fouille à la recherche de « ce qu'il reste de nous, de notre identité » face à ces épreuves, comme elle nous l'explique au téléphone.

Valeurs de soin et d'empathie

Ces valeurs de soin et d'empathie, héritées d'une famille au centre de laquelle une mère « très à l'écoute, qui fait toujours passer les autres avant elle », manifestent aussi une vocation contrariée. « Parce que je suis surtout, depuis toujours, une psychologue frustrée », déclare-t-elle. Sur les bancs de l'école, elle n'a qu'une idée en tête : devenir psychologue. Mais ses professeurs l'en dissuadent. Trop brillante pour une voie considérée sans perspectives ; en un mot, on lui assure qu'elle « peut faire mieux ». Elle attaque alors les prépas de grandes écoles de commerce, mais atterrit dans la communication.

Depuis, en huit romans, Mélissa Da Costa, est devenue l'autrice la plus vendue de France. Seulement deux ans après son apparition au top 10, le palmarès annuel édité par GFK pour Le Figaro, elle serait cette année en train de supplanter le mastodonte des ventes, Guillaume Musso. A-t-elle pour autant failli à sa mission de soignante ?

« La volonté de dévoiler, de montrer ce qu'on ne veut pas voir »

D'après ses lecteurs, rencontrés sur les salons, non, et bien au contraire. Certaines accordent à ses livres des vertus thérapeutiques. « Ce livre m'a fait autant de bien que X années de psychothérapie », « ce livre m'a été recommandé par mon psychologue, par mon médecin généraliste, par mon kiné », « vous devriez être remboursée par la sécurité sociale », lui disent-ils. Elle qui pensait que la fiction permettait seulement « de s'évader et de se divertir », la voilà douée du pouvoir « d'exorciser » les maux.

Tout le bleu du ciel, par exemple, dont l'adaptation en BD vient également de paraître, a permis à certains lecteurs de revoir leur « approche de la maladie », de devenir plus « souple » avec leur proche atteint d'Alzheimer, poursuit-elle. « Le long cheminement intérieur » que proposent ses livres prend la forme d'un parcours qui transforme totalement ses personnages.

Mais « sensibiliser le public » est une intention molle pour Da Costa, qui préfère parler d'une « volonté de dévoiler ». Pour elle, le vrai mal provient des « raccourcis et des interdits ». Tout comme dans La Doublure (2022), sur la drogue et la sexualité toxique, elle exprimait la volonté de « montrer ce qu'on ne veut pas voir ».  Da Costa écrit sur et à l'encontre des tabous de la société. Une écriture rebelle, bien loin de l'étiquette « feel good » que ceux qui ne l'ont pas lue lui ont collée.

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