Le débrayage mardi 26 mai chez Loglibris n’est pas totalement une surprise. La restructuration annoncée dans la filiale de distribution de Volumen, dont le rachat par Interforum devrait être entériné dans la deuxième quinzaine de juin, la faisait craindre depuis quelques jours par plusieurs éditeurs diffusés. On sait en effet, au moins depuis Amélie Nothomb, que les "tubes" relèvent plus de la métaphysique que de la mécanique. Derrière l’opération industrielle que constitue l’intégration de l’outil logistique du groupe La Martinière dans celui d’Editis se profile un aggiornamento autrement plus délicat pour les équipes, mais aussi pour les diffusés et pour les libraires. A moyen terme, l’essentiel de la distribution du livre en France va se trouver réaménagé autour de trois grands pôles correspondant aux trois groupes d’édition majeurs : Hachette, Editis et Madrigall.
Le contexte, cependant, incline à l’optimisme. Prolongeant leurs belles performances du premier trimestre, les ventes de livres se sont encore bien orientées en avril. Mois après mois, l’embellie se confirme, qui incite à l’initiative, à l’imagination, au développement. Et si la révolution numérique ne suscite, hors du monde anglophone, qu’un engouement modéré pour le livre dématérialisé, elle ne cesse de produire des effets inattendus, comme l’émergence réjouissante des "booktubeurs" dont nous rendons compte cette semaine.
On avait dit les jeunes adultes perdus pour la lecture : on les découvre accros. On les avait dit scotchés à leurs écrans : ils s’en servent pour partager leurs lectures. Une nouvelle génération de passionnés du livre s’empare des "tubes" du Web pour en faire les vecteurs de sa passion. Malorie est nourrice à domicile à Annecy, Kevin responsable informatique et télécom à Lyon, Marine étudiante en lettres, Nine militaire dans la Marine nationale… Leurs vidéos incitent des dizaines de milliers d’internautes à retrouver le chemin de la lecture. Bravo !