Réduction de la production dans tous les secteurs éditoriaux, réduction de tous les coûts, instauration d’un « guichet départ ». La nouvelle de cette « réorganisation » est inquiétante pour tous ceux qui sont attachés à la maison Seuil, figure historique du monde du livre. La direction a motivé ce plan par « l’évolution du marché du livre, influencée notamment par de nouvelles exigences du lecteur, l’émergence du numérique et l’instabilité du pouvoir d’achat », en d’autres termes, par des considérations de mauvais temps. Rien donc de grave au sein même de la maison : la toiture, les murs, sont donc encore en état ? La nouvelle fait en tous cas question : si elle renvoie à un état général du secteur éditorial et à un contexte économique plus que morose, il n’est pas possible de faire l’économie de l’histoire de la maison Seuil. Plusieurs facteurs ont joué et jouent encore : l’effet toujours déstabilisant du changement d’actionnariat, mal vécu dans des maisons dont on a pu croire que l’ancienneté aurait dû justifier la pérennité et le caractère immuable de la propriété, extériorité de cet actionnariat aux logiques lentes et incertaines des industries culturelles, interrogations quant à l’adéquation d’une stratégie éditoriale aux évolutions du lectorat et de la vie des idées. Si ce qui se passe au sein du groupe Le Seuil – La Martinière ne peut donc être imputé à la seule météo éditoriale, le trouble concerne toute la profession. En effet, se pose la question de la manière dont il faut composer avec de nouvelles formes de concurrence, avec un environnement financier calamiteux, des pratiques culturelles de plus en plus difficiles à cerner, bref, avec une météo de gros temps.
15.10 2013

Les dernières
actualités