Il est loin le temps où au début des années 2000 l’édition orpheline d’"Apostrophes" faisait, épaulée par le ministère de la Culture et de la Communication, le siège des patrons de chaînes pour obtenir à la télévision ne serait-ce qu’une seule grande émission dédiée au livre en prime time. L’époque a changé. L’espoir, pour ne pas dire le fantasme de la renaissance d’un dispositif télévisuel permettant de déclencher presque mécaniquement chaque semaine des dizaines de milliers de ventes en librairie s’est dissous dans la diversification extrême du Paf et son bouleversement par la révolution d’Internet et des réseaux sociaux. Pourtant le livre n’y a pas forcément perdu.
Une douzaine d’années plus tard, force est de constater que le livre reste un compagnon et un outil prisé par les animateurs d’émissions de radio et de télévision. Tandis que "La grande librairie" de François Busnel perpétue en la renouvelant sur le petit écran la tradition de l’émission littéraire à la française, on le retrouve aussi bien dans des programmes télévisés très populaires que dans des émissions, généralement radiophoniques, plus pointues. Il est finalement assez symptomatique qu’en cette rentrée 2015, marquée par d’importants changements de dirigeants et d’orientations des différentes antennes, la place du livre soit préservée dans les programmes, bénéficiant même d’approches nouvelles à la faveur de la valse des animateurs.
Cette imprégnation par le livre de l’offre audiovisuelle est facilitée par les évolutions de la chaîne du livre elle-même, beaucoup plus attentive que par le passé à la mise en scène, à tous les niveaux de la production éditoriale. Les tendances graphiques de la rentrée littéraire 2015 elles-mêmes en témoignent, qui font la part belle à des typographies travaillées, des couleurs éclatantes et des photographies pleine page. Même l’austère éditeur juridique Dalloz s’y met, qui a imaginé, pour promouvoir ses codes sur YouTube, un personnage de super-héros, Super Dalloz.
