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Nathalie Piakowski : "700 options sont en cours sur des titres français"

Nathalie Piakowski, Scelf - Photo DR

Nathalie Piakowski : "700 options sont en cours sur des titres français"

Depuis sa création en 1960, la Scelf (Société civile des éditeurs de langue française), qui regroupe 378 éditeurs a deux missions : percevoir et répartir des droits d'adaptation audiovisuelle d'une part, et promouvoir des adaptations issues de la littérature française et former les éditeurs d'autre part. Nathalie Piakowski, sa directrice générale, nous explique ce rôle de « facilitateur » entre le monde de l'édition et de la production audiovisuelle face à la demande croissante de contenus. 

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Par Hélène Goutany
Créé le 22.02.2023 à 15h05

Quel a été l'impact de l'arrivée des plateformes de diffusion payantes dans le marché des droits d'adaptation ?

Les plateformes de diffusion ont considérablement modifié le marché de l'adaptation en faisant exploser le nombre de contrats d'option. La multiplication de ces nouveaux services audiovisuels de médias à la demande a décuplé les besoins de nouveaux contenus, dont les plateformes sont devenues les principales prescriptrices. Le frémissement ressenti dès 2018, s'est confirmé et même renforcé avec la pandémie en amenant les producteurs à se recentrer sur la phase de développement. Les petites structures d'édition sont plus souvent qu'auparavant approchées par des producteurs audiovisuels. D'ailleurs, l'un des marqueurs de cette tendance est la forte augmentation du nombre de consultations juridiques auprès de la Scelf pour des cessions de droits audiovisuels. Historiquement, seule une dizaine de maisons d'édition disposaient d'infrastructures dédiées à la négociation des droits audiovisuels, leur permettant de développer très tôt ce marché de l'adaptation audiovisuelle. Mais depuis quelques années, on a vu, au sein de structures plus petites, se développer des pôles de cessions de droits audiovisuels. Mais face à une réglementation foisonnante, et de plus en plus technique, il peut être difficile d'appréhender ce marché en évolution. La Scelf intervient donc à deux niveaux, un niveau collectif avec des formations juridiques et pratiques et un niveau individuel à travers de consultations auprès des éditeurs qui le désirent. Cette activité de conseil de la Scelf facilite la compréhension de ces textes et par conséquent les négociations.

Comment cet engouement pour les adaptations se répercute-t-il ?

Selon les estimations que nous avons réalisées, nous avons plus de 700 options en cours sur des œuvres françaises. Cela peut bien sûr varier selon les cas, mais nous estimons qu'une option sur 7 ou 10 sera levée pour devenir une œuvre audiovisuelle. Certains producteurs prennent de nombreuses options quand d'autres vont avoir tendance à se focaliser sur un titre en particulier. Alors qu'il y a quelques années, un producteur savait en amont si une œuvre allait être adaptée pour le cinéma ou pour l'audiovisuel (télévision ou plateformes), la nature des adaptations de livres est de moins en moins déterminée à l'avance. De fait, les frontières entre le cinéma et les plateformes numériques sont devenues de plus en plus poreuses. Par ailleurs, le marché des options s'est considérablement internationalisé. Alors que cette part était très faible il y a 10 ans, elle représente aujourd'hui près de 25 % des options signées.

Quel est le rôle de la Scelf dans les adaptations de livres en série ?

Outre sa fonction de perception et de répartition des droits des adaptations audiovisuelles, la Scelf a développé systématiquement des ponts entre édition et audiovisuel. En 2022, nous avons lancé pas moins de 17 événements dont plusieurs verront le jour en 2023. Trois de ces événements, Polars en série, les deux marchés de l'adaptation de Marseille Séries Stories et de Série Mania sont d'ailleurs dédiés à l'adaptation sous ce format. La création la plus emblématique de la Scelf demeure Shoot the Book ! qui se tient dans le cadre des grands festivals de films du monde entier et en particulier au Festival de Cannes, partenaire de la première heure. L'an passé, 200 producteurs étaient présents à la session de pitchs, 190 d'entre eux au marché des droits pour rencontrer les 40 éditeurs présents. Preuve du succès d'estime de l'événement : 75 % des producteurs étaient étrangers. Dans la même perspective, nous avons créé un rendez-vous à la BnF, début juin, à la demande des producteurs. L'objectif de ce nouveau rendez-vous est d'avoir accès aux œuvres de la rentrée littéraire.

Comment mettre en valeur les titres proposés par les membres de la Scelf ?

Les membres de la Scelf ont collectivement décidé de proposer aux producteurs une offre dématérialisée des œuvres sélectionnées dans les divers événements. C'est une base de données qui portera le nom de Shoot the Book ! Elle a pour vocation de devenir la plateforme de l'adaptation. Cet outil mettra en valeur l'immense travail effectué au sein des maisons d'édition en matière d'adaptation. Elle sera lancée officiellement en 2023 et offrira à son démarrage plus de 4 000 titres.

Shoot the Book ! le festival du pitch

 

 

 

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