Si l'on en croit Nathalie Rheims, le titre vaguement inquiétant de son vingt-deuxième roman lui trottait dans la tête depuis longtemps. Contrairement à son héroïne qui, elle, n'aurait rien écrit depuis qu'elle a fui Paris, sa vie littéraire et ses mondanités, pour le fin fond du bocage normand, elle publie au rythme d'un ouvrage par an depuis 1999. À la faveur du confinement, le voici donc écrit, ce nouveau livre. Et la narratrice est soulagée : elle a retrouvé la mémoire, perdue à la suite d'un accident traumatique, et a réglé ses comptes avec un psychopathe qui la harcelait depuis des années. Mais alors qu'elle le croyait encore à l'hôpital psychiatrique, il est ici, tout près, au village, et veut égorger Paul.
Paul, c'est son unique amant, son ultime amoureux, qui lui a été offert par l'homme de sa vie, décédé en 2009. Un shiba inu, un chien japonais nain hyperchic, avec ses yeux et son pelage orange. Comme Mylène Farmer. Puisqu'il comprend tout, elle lui lit du Pascal, du Montaigne, ou les Fables de La Fontaine. Elle lui parle, et il va l'aider à organiser une espèce de polar : une Clio encastrée dans un panneau « danger en rive », une infirmière évaporée, et un bracelet qu'elle aurait dérobé, avec l'inscription « Disparaître »...
Bien sûr Placide et Museau s'en sortiront, aidés par la presse et la police complaisantes. Nathalie Rheims oscille entre l'autobiographique et l'inventé avec une aisance confondante, on se laisse prendre, et Paul a vraiment une bonne tête. Le futur prix 30 millions d'amis ?
Danger en rive
Éditions Léo Scheer
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 17 € ; 186 p.
ISBN: 9782756113593