3 octobre > roman Etats-Unis

Très présent dans les Anges batailleurs (Grasset), l’essai que Christopher Bram vient de consacrer aux écrivains gays en Amérique (LH 964 du 6.9.2013, p. 66), Edmund White prouve à nouveau sa belle vitalité romanesque avec son dernier roman, Jack Holmes et son ami.

Le héros de l’auteur de L’homme marié (Plon, 2000, repris en 10/18) est issu d’une famille excentrique du Midwest. Jack Holmes a étudié à l’université. Blond, musclé, très au fait de l’histoire de l’art chinois, voici l’incarnation même du chic type. Le jeune homme ne sait jamais vraiment sur quel pied danser. Il se déclare hétéro, « plus oumoins ». Et peut donc être à la fois attiré par Hillary, une brune costaude qui roule en MG rouge décapotable. Ou par Paul, peintre dont le mystère, le sourire « peiné et désynchronisé » le troublent.

A l’aube des années 1960, dans une Amérique qui prend de plein fouet l’assassinat de JFK, Jack s’installe à New York. Au cœur de Greenwich Village et de sa bohème locale où se mêlent vieux beatniks et nouveaux hippies. Il s’y met en quête d’un travail, sonne à la porte de la Nothern Review, se grise de martinis.

Ses deux colocataires, Alice et Rebekkah, fréquentent le génial jazzman Charlie Mingus. Avec la seconde, Jack couche en plein après-midi après avoir bu du champagne. Ce qui ne l’empêche pas d’accepter de boire également du whisky dans un bar puis de suivre chez lui un acheteur de chez Saks. Ou encore d’avoir une liaison avec Peter, un danseur à la fois « homme-garçon-fille ».

Les choses se compliquent lorsque Jack comprend qu’il est tombé amoureux de Will Wright, un garçon venu de Virginie qui porte des chaussures coûteuses, prend sans cesse des notes dans un petit carnet, rêve d’être écrivain, de pondre un roman meilleur que « Pynchon et Gatsby réunis » ! Drôle, érotique et enlevé, Jack Holmes et son ami entraîne le lecteur dans une éducation sentimentale, sociale et amoureuse des plus savoureuses.

Al. F.

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