Nicolas Ragonneau, qui tient le blog Proustonomics dont il publie simultanément un best of (Proustonomics, cent ans avec Marcel Proust, chez Le temps qu'il fait) est de ces farfelus sans qui l'histoire littéraire serait bien moins amusante et nourrie : grâce à eux, on apprend plein de choses, aussi passionnantes que totalement superflues. Cette fois, en cette période de triple anniversaire proustien (sa naissance en 1871, son Goncourt en 1919, sa mort en 1922), il a eu l'idée, avec la complicité du graphiste Nicolas Beaujouan, de passer à l'infographie la vie et l'œuvre de son grand homme.
Et, parce qu'« un bon croquis vaut mieux qu'un long discours », comme disait Napoléon Bonaparte (autre commémoré en ce moment, cité dans l'avant-propos), ce travail met en lumière des faits parlants, auxquels on n'aurait jamais pensé : l'horoscope de Proust, par exemple, Cancer ascendant Bélier, ce qui explique tout, ou presque ; l'évolution du style de sa moustache, de 1890 (« en crayon »), à sa mort (« à la Charlot ») ; ou encore ses restaurants parisiens favoris...
Plus sérieusement, on apprend que la phrase la plus courte de La recherche comporte deux mots : « Il regarda. » Et la plus longue 856 : un exposé sur les homosexuels, qu'il compare, en tant que parias, aux Juifs. Il était les deux, à sa façon, compliquée. Il n'y a pas de hasard. Il y a aussi un chapitre très éclairant sur la fortune de Proust, pas du tout ruiné à la fin de sa vie, contrairement à une idée reçue. L'infographie, oui, l'imagerie d'Épinal, non.
Le proustographe
Denoël
Tirage: 8 600 ex.
Prix: 24 € ; 192 p.
ISBN: 9782207163320