Shakespeare l'a bien dit : les mots ne paient pas les dettes. Mais la formule s'applique-t-elle à la Fnac d'Alençon, dans l'Orne ? Ouverte depuis décembre 2017 dans la commune normande, l’enseigne aurait précipitamment fermé ses portes le 21 avril dernier, sans avoir fini de payer les éditeurs locaux pour les ventes réalisées.

De nombreux défauts de paiement

Selon une information de L’Orne Hebdo, certains éditeurs se plaignaient, parfois depuis plusieurs mois, de retards importants et de défauts de paiement. « Cela fait plus d’un an que je réclamais à la Fnac de nous payer leurs factures », a confié Christophe Aubert, dirigeant des éditions La Mésange Bleue, au média local. Un retard dans les versements qui a conduit l’intéressé à menacer l’enseigne de mise en demeure. Et il n’est pas le seul. Plusieurs éditeurs interrogés par L’Orne Hebdo disent avoir été contraints de multiplier les relances et les menaces pour récupérer l’argent de leurs ventes. Si certains ont finalement perçu les bénéfices, d’autres n’en ont toujours pas vu la couleur. « Les petits éditeurs comme nous fonctionnent par dépôt », a expliqué Christophe Aubert au journal. « C’est-à-dire que l’on met à disposition un stock de livres et que la Fnac reverse un pourcentage du prix de vente, puis les éditeurs reversent à leur tour un pourcentage aux auteurs », a-t-il ajouté.

Des éditeurs lésés

Or, sans versement de la part du vendeur, les éditeurs ne peuvent pas rémunérer les auteurs en bout de chaîne. La soudaine fermeture de la Fnac d'Alençon en avril dernier, au motif de « résiliation de contrat » avec le groupe Indexia, propriétaire de l’enseigne et chargé de sa comptabilité, les empêche d'honorer leurs engagements. D’après les informations de l’hebdomadaire normand, la situation judiciaire d’Indexia aurait conduit le groupe Fnac-Darty à cesser ses relations avec l’entreprise. Il serait actuellement en quête d'un repreneur pour le site d'Alençon. Une affaire qui dépasse les éditeurs, toujours dans l'attente de récupérer le produit de leurs ventes, à ce jour.