24 septembre > Roman Cuba

Depuis 2008, date de la parution en français de Tout le monde s’en va suivi de Mère Cuba (2009) et de Poser nue à la Havane (2010), "La cosmopolite" accueille Wendy Guerra, sa prose poétique et frontale, sa sensualité crue, le regard critique et amoureux qu’elle porte sur Cuba où elle est née en 1970 et où elle vit toujours.

L’héroïne de Negra, Nirvana (Nina) del Risco, une jeune mannequin noire, amante cachée d’un Cubain de la bourgeoisie blanche, raconte sa vie à la première personne. Le roman commence à La Havane et s’y termine. Entre-temps, après avoir perdu l’enfant qu’elle attendait, la jeune femme entreprend un voyage à Paris pour rapatrier les cendres de la compagne française de sa mère. Là, elle rencontre Philippe, un homme plus âgé, un "désenchanté solitaire" qu’elle suit en Provence avant de passer quelques mois à Marseille. Puis elle rentre à Cuba où elle se lance dans la fabrication de produits de beauté.

A travers la trajectoire de Nina, Wendy Guerra décrit, sur un mode dénonciateur, la condition de la femme noire cubaine, et, plus largement, la quête d’émancipation des femmes, la négritude et le racisme, la complexité du socialisme tropical mais aussi la violence sociale et politique du Vieux Monde. Métissant son récit comme ses personnages (Lu, l’amie sociologue, est de père chinois, et Tom, l’amant américain, est dominicain), la romancière plonge aussi dans l’imaginaire spirituel afro-cubain, dans les paroles des orishas, divinités tutélaires du culte syncrétique, apporté par les esclaves yoruba, que pratique la grand-mère de l’héroïne, héritière de recettes "pour combattre le mauvais sort" ou "pour que l’ennemi se calme et ne nous fasse plus de mal"… Des recettes pour vivre et mourir. V. R.

15.04 2015

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